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Constance.

Disposez de mon sort au gré de vos souhaits ;
Je n’examine rien, puisque je vous déplais.
Daignez déterminer ma derniere demeure :
Où faut-il que je vive, ou plutôt que je meure ?

Durval.

Eh ! Madame, vivez.

Constance.

Eh ! Madame, vivez.Vous ne le voulez plus ;
Mais vous serez bientôt satisfait. Au surplus,
Jouissez de ces biens que vous voulez me rendre ;
De vos seules bontés je veux toujours dépendre.
À l’égard de ma fille… il m’eût été bien doux
De garder le seul bien qui me reste de vous.
Puisse-t-elle éviter les malheurs de sa mere,
N’être pas moins fidelle, & vous être plus chere !

Durval, avec fureur.

Je ne puis supporter cette témérité ;
Perfide ! il vous sied bien, ce langage affecté !

Constance.

Ah ! quel titre odieux ! Est-ce à moi qu’il s’adresse ?

Durval.

Oui, Madame.

Constance.

Oui, Madame.Est-ce là le prix de ma tendresse ?
Eh ! quoi ! de quels transports êtes-vous enflammé ?
Doit-on déshonorer ce qu’on a tant aimé ?

Durval.

Il falloit sçavoir mieux conserver mon estime.