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Durval, avec fureur.

J’ai des rivaux heureux… L’un d’eux a son portrait,
Et l’autre avoit son cœur : c’est l’aveu qu’on m’a fait…
C’est un mystere affreux.

Damon.

C’est un mystere affreux.Que je ne sçaurois croire.
Constance absolument n’a point trahi sa gloire.

Durval.

Ne prends plus sa défense ; il n’est aucun moyen.
Que fera l’amitié, quand l’amour ne peut rien ?

Damon, en apercevant Constance.

Modérez-vous du moins ; la voilà qui s’approche.



Scène XI.

CONSTANCE, DURVAL, DAMON.
Durval, avec un air un peu plus modéré.

Madame, épargnons-nous la plainte & le reproche :
Il faut nous séparer pour ne nous voir jamais.
Voyez où vous voulez vous fixer désormais,
Jusqu’à ce que le Ciel, au gré de votre envie,
Termine, mais trop tard, ma déplorable vie.
Vivez, & reprenez ce que je tiens de vous :
Je n’excepte qu’un bien, que je préfère à tous,
Ce fruit de mon amour, si cher à ma tendresse,
C’est, de tous vos bienfaits, le seul qui m’intéresse.