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Constance, tendrement.

Quand on n’est plus aimée !

Florine.

Quand on n’est plus aimée !On peut le mener loin.
Moi, je déposerois, s’il en étoit besoin.

Constance.

Je ne veux employer que mes uniques armes.

Florine.

Eh ! qui sont-elles donc ?

Constance.

Eh ! qui sont-elles donc ?Les soupirs & les larmes.

Florine.

Bon ! il vous laissera gémir & soupirer.
On croit nous faire grace, en nous faisant pleurer :
On ne convient jamais des chagrins qu’on nous donne :
On croit que dans nos cœurs le plaisir s’empoisonne ;
Que le sexe se fait lui-même son tourment,
Et qu’il n’a pas l’esprit d’être jamais content.
Servez-vous contre lui de ces lettres fatales,
Que vous a fait remettre une de vos rivales.
Que j’aurois de plaisir à confondre un ingrat !

Constance, remettant les lettres dans sa poche.

Je me garderai bien de faire cet éclat.
Il ne saura jamais, si j’en suis la maîtresse,
Que je sçais à quel point il trahit ma tendresse.
Je ne veux point aigrir son cœur & son esprit,
Ni détruire un espoir que mon amour nourrit.
En feignant d’ignorer, & de vivre tranquille,
J’assure à mon volage un retour plus facile :