Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tant mieux : plus un Maître aime, & plus un Valet gagne.
Allons, apprêtons-nous à battre la campagne.
J’ai bien l’air de coucher hors d’ici.

Durval.

J’ai bien l’air de coucher hors d’ici.Sûrement,
Je n’aurai de ma vie écrit si tendrement.
Je prépare à Constance une aimable surprise.

(Il continue d’écrire.)
Henri, tirant son rôle.

J’ai là certains papiers, il faut que je les lise.
Voyons, tandis qu’il fait éclore son poulet,
Quel est mon rôle. À moi, le rôle de Valet !
Mais cela ne va point avec mon ministere :
Je suis Homme de chambre, & presque Secrétaire :
À quelqu’un de nos gens il pourroit convenir…
Sçachons donc à qui j’ai l’honneur d’appartenir…
(Il feuillette & retourne son rôle de tous côtés.)
Je veux être pendu, si j’entends cette gamme…
Ah ! je sers un époux amoureux de sa femme.
Ventrebleu, le sot maître à qui l’on m’a donné !
Oui-dà, le personnage est bien imaginé.

Durval.

Ce maraud me distrait. C’est son rôle, je gage.

Henri.

Monsieur, je m’entretiens avec mon personnage…
Peste ! En voici bien long tout d’un article écrit !
Voyons : c’est moi qui parle ; aurai-je de l’esprit ?