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Damis, à Durval.

Détermine Damon : quant à toi, tu sçais bien
Que l’on doit se prêter ; tu ne risqueras rien.

(Ils sortent.)



Scène V.

DURVAL, DAMON.
Durval, d’un air ironique.

En est-ce assez ? Dis-moi, que pourras-tu répondre ?
Il falloit cet exemple, afin de te confondre.
Où m’allois-je embarquer ?… Ne me presse donc plus ;
Tes conseils désormais deviendroient superflus.

Damon.

Vous permettez qu’on joue une farce indiscrette,
Et vous y prenez même un rôle.

Durval.

Et vous y prenez même un rôle.Oui, je m’y prête.
À ma femme du moins je parlerai d’amour ;
Je verrai ses beaux yeux y répondre à leur tour ;
J’en jouirai sans risque, & sans me compromettre.
Hélas ! c’est un plaisir qu’on doit bien me permettre…
J’aurois dû refuser… Oui, je me trahirai :
On verra que je sens tout ce que je dirai.
Je mettrai, malgré moi, trop d’amour dans mon rôle ;
Je me perdrois : je vais retirer ma parole.

Damon.

Est-il tems ? Il falloit ne pas tant s’avancer.