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Constance.

À son bonheur.Bourreau !Sa crainte est indiscrette.

Durval.

Je le disois.

Constance.

Je le disois.Il sçait combien je le souhaite.

Durval.

Ah ! vous me ravissez : prêtez-lui votre appui.

Constance.

Damon y peut compter.

Durval.

Damon y peut compter.Moi, je réponds pour lui ;
Je me rends le garant d’une flamme si belle.

Damon, bas, à Durval.

Morbleu, parlez pour vous.

Constance, bas.

Morbleu, parlez pour vous.Quel garant infidele !

Durval.

Ôtez donc à Sophie un préjugé fatal
Qu’elle a contre l’hymen. Ah ! qu’elle en juge mal !
Qu’au contraire leur sort sera digne d’envie !
Non, il n’est point d’état plus heureux dans la vie,
Pour ceux que la raison & l’amour ont unis.
L’hymen seul peut donner des plaisirs infinis ;
On en jouit sans peine & sans inquiétude :
On se fait l’un pour l’autre une heureuse habitude
D’égards, de complaisance, & de soins les plus doux.
S’il est un sort heureux, c’est celui d’un époux,
Qui rencontre à la fois dans l’objet qui l’enchante,
Une épouse chérie, une amie, une amante.