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Damon.

Mais songe donc aux biens où tu vas renoncer.
Sais-tu bien quel arrêt tu viens de prononcer ?
Il faut donc que Constance expire dans les larmes,
Lorsqu’elle eût pû te faire un sort si plein de charmes ?
Que d’attraits, que d’amour, que de plaisirs perdus !
Si tu la haïssois, que ferois-tu de plus ?

Durval, d’un ton pénétré.

Hélas ! il faut se rendre, & lui sauver la vie.
C’en est fait, pour jamais ma honte est asservie…
Sois content, mon cœur céde, & se rend à l’amour.
Viens être le témoin du plus tendre retour.
(Il fait quelques pas pour sortir, Constance arrive, il se trouble.)
Quelle rencontre, ô ciel ! C’est elle qui s’avance…
Ne ferai-je pas mieux d’éviter sa présence ?

(Il veut s’en aller, Damon le retient.)



Scène II.

CONSTANCE, DURVAL, DAMON.
Durval, après quelque résistance, se rapproche avec Damon.

À Constance.)
Je retenois Damon qui vouloit s’en aller :
Je crois que devant lui nous pouvons nous parler ?

Constance.

Il n’est jamais de trop.