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Durval.

Constance aura de plus à punir mes parjures,
À redouter encor de nouvelles injures,
À craindre une rechûte, un nouvel abandon ;
Constance doit me faire acheter mon pardon.
Que de soins, de soupirs, de regrets & de larmes,
Faudra-t-il que j’oppose à ses justes allarmes !
Plus je vais employer de foiblesse & d’amour,
Et plus son ascendant croîtra de jour en jour.
(Il rêve.)
Ah ! c’en est trop, il faut suivre ma destinée,
La résolution en est déterminée…

Damon, en l’embrassant.

Ah ! cher ami, reçois le prix de ta vertu.
Que ce retour heureux va causer !…

Durval.

Que ce retour heureux va causer !…Que dis-tu ?
Quelle méprise !

Damon.

Quelle méprise !Aux pieds d’une épouse adorable,
Ne vas-tu pas reprendre une chaîne durable ?

Durval.

Au contraire.

Damon.

Au contraire.Quoi donc ?

Durval.

Au contraire.Quoi donc ?Je vais me dérober
Au danger évident où j’allais succomber.
Je renonce aux projets dont je viens de t’instruire.
Laisse-moi, tes conseils ont pensé me séduire.