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Cet objet si charmant dont je reprends les loix,
Mais que je crois aimer pour la premiere fois ;
Cette femme adorable à qui je rends les armes,
Qui du moins à mes yeux a repris tant de charmes…
C’est la mienne.

Damon.

C’est la mienne.Constance !

Durval.

C’est la mienne.Constance !Elle-même.

Damon.

C’est la mienne.Constance !Elle-même.Ah ! Durval,
À mon ravissement rien ne peut être égal…
N’est-ce point un dépit, un goût foible & volage,
Un accès peu durable, un retour de passage ?

Durval.

Tu le crains, & Constance en pourra craindre autant.
Qu’il est triste d’avoir été trop inconstant !…
Le véritable amour se prouve de lui-même.
Déjà, pour l’assurer de ma tendresse extrême,
J’ai, par mille moyens qu’invente mon amour,
Rassemblé les plaisirs dans cet heureux séjour.
Apprends donc que je suis cet amant qu’on ignore,
Qui procure sans cesse à l’objet que j’adore
Tous ces amusemens imprévus & nouveaux,
Dont tout le monde ici soupçonne des rivaux,
Assez vains pour nourrir une erreur si grossiere.
Je lui fais des présens de la même maniere…
On s’attache encor plus par ses propres bienfaits ;
Je le sens, je l’en veux accabler désormais.