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Sophie, avec vivacité.

Non, vous ne l’êtes pas.

Constance.

Non, vous ne l’êtes pas.Madame, je vous dis…

Sophie.

Avec tant de douceur, de charmes & de graces,
Deviez-vous éprouver de pareilles disgraces ?
Elle a dit mon secret ; je vais dire le sien.

Argant.

Qui croire des deux ?

Sophie.

Qui croire des deux ?Moi.

Argant.

Qui croire des deux ?Moi.Je n’y connois plus rien.

Constance.

Me suis-je jamais plainte ?

Sophie.

Me suis-je jamais plainte ?En rien, & je vous blâme.

Constance.

M’avez-vous jamais vûe ?…

Sophie.

M’avez-vous jamais vue ?…Oui, malgré vous, Madame,
J’ai vû… j’ai reconnu les traces de vos pleurs ;
Au fond de votre cœur j’ai surpris vos douleurs.
Mais que dis-je ? J’y vois, malgré sa violence,
Le désespoir réduit à garder le silence.

Argant.

L’une se dit heureuse, & l’autre la dément :
Celle-ci ne veut pas épouser son amant.