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Des catastrophes surannées,
Décrépites & ramenées
Que sur la Scene on voit cinq ou six fois par an.
Comptons. Pour dénouer les sottises courantes,
Je n’ai que deux ou trois manieres différentes.
Tantôt, c’est un rival, un barbare, un tyran,
Qui va, par les forfaits, signaler sa puissance ;
Mais enfin dont le cœur vient à résipiscence.
Tantôt, je suis empoisonné ;
Ou bien j’arrive assassiné
Sur deux des miens qui me soulevent :
Je fais ma doléance, & les sifflets l’achevent.
Une autre fois, je viens inconnu, déguisé,
Et souvent fort dépaïsé.
J’envisage les gens, je lâche une équivoque,
Sur quoi l’on m’en riposte une autre réciproque.
Je change de maintien. Je fais un à-parte,
Assez haut, pour être, à la ronde,
Très-bien oüi de tout le monde ;
Mais que l’on ne doit pas entendre à mon côté.
Je me rapproche alors. Je jase ; l’on babille.
On m’interroge, & je réponds.
On se trouble, & je me confonds.
On insiste, j’hésite ; &, de fil en aiguille,
Je me nomme. On s’écrie : ah ! c’est vous ! Tout d’un tems
Je tombe aux pieds, ou bien je saute au cou des gens.
Maugrebleu des reconnoissances !
Je ne veux plus avoir ces sottes complaisances.