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C’est me persécuter, c’est me déshonorer,
Que d’exposer encor mon cœur à se défendre.
Ce sont de vains regrets que je ne puis entendre.
Vous avez un rival qui n’en doit point avoir.
Je vais le retrouver, & remplir mon devoir.

Damon.

Vous l’étendez plus loin qu’il ne devroit s’étendre.
Madame, si je crois ce qu’on m’a fait entendre,
Sans blesser ce devoir, vous pourriez recourir
À des moyens plus doux, qu’on vient de vous offrir.

Léonore.

Non, je n’ai point assez d’audace, ni de force,
Pour aller mandier un malheureux divorce.
Je n’imagine pas qu’une femme de bien,
Puisse jamais avoir recours à ce moyen.
Il faut un front d’airain pour donner ce scandale.

Damon.

On vous excepteroit de la loi générale.

Orphise.

Ne vous en flattez pas.

Geronte.

Ne vous en flattez pas.Le cas est différent.

Léonore.

Sur l’espoir d’un succès toujours déshonorant,
Je ne risquerai point d’être tympanisée.
Le plus grand des malheurs est d’être méprisée.
Hé quoi ! sur un prétexte absurde & mandié,
Aller de porte en porte implorer la pitié,
Y faire de sa vie un journal équivoque,
Que personne ne croit, & dont chacun se moque