Vous connoissez Orphise, & sa malignité.
Et pouvois-je m’attendre à cette indignité,
Et qu’on m’imputeroit la derniere bassesse ?
Nérine, quelle horreur ! on me croit la maîtresse
D’un homme marié ?
Une prude jamais n’a bien pensé d’autrui.
Que vais-je devenir ? Le bruit va s’en répandre.
Orphise va le dire à qui voudra l’entendre.
Et l’on n’en croira rien.
C’est assez qu’une histoire attaque notre honneur,
Elle passe aussi-tôt pour être véritable.
Tout ce qui peut nous nuire, ou nous perdre, est croyable,
On n’examine rien ; & la crédulité
Va toujours contre nous jusqu’à l’absurdité.
Je ne m’étonne plus si tant d’infortunées
Se plaignent, tous les jours, d’être à tort condamnées.
Je vois bien à présent qu’une femme d’honneur,
Avec son innocence, a besoin de bonheur.