Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/92

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Mon père était méthodique en tout. Au même jour, à la même heure, dans le même appartement, du même ton et de la même manière qu’un mois auparavant, il renouvela la proposition qu’il m’avait faite de me prendre pour associé et de m’assigner des attributions dans ses bureaux, et finit en m’invitant à lui faire connaître ma résolution définitive. Je pensai dans le temps qu’il y eut maladresse de sa part, et je pense encore que la conduite de mon père n’était pas prudente. Avec un traitement plus doux, il aurait eu sans doute gain de cause. Aussi je restai ferme, et refusai le plus respectueusement possible les offres qu’il me faisait. Peut-être, car qui peut juger son propre cœur ? peut-être croyais-je indigne d’un homme de se rendre à la première sommation, peut-être désirais-je qu’il me pressât de manière à motiver à mes yeux un changement de résolution. S’il en était ainsi, je fus désappointé ; car mon père se tourna vivement vers Owen, et dit seulement : « Vous voyez ce que je vous ai dit. » Puis s’adressant à moi : « Eh bien, Francis, vous êtes en âge et en état de juger aussi bien que jamais quel chemin doit vous conduire au bonheur ; je n’ajoute donc pas un mot. Mais bien que je ne sois pas forcé de suivre vos plans plus que vous n’êtes obligé de vous soumettre aux miens, puis-je vous demander si vous avez formé des projets où mon assistance vous soit utile ? »

Déconcerté par cette question, je répondis cependant, « que n’ayant appris aucun état, et me trouvant sans fortune, il m’était évidemment impossible de subsister si mon père ne venait à mon secours ; que mes désirs étaient fort modérés, et que j’espérais que, malgré mon aversion pour la carrière qu’il me proposait, il ne me retirerait pas entièrement sa tendresse et sa protection paternelle.

— C’est-à-dire que vous voulez vous appuyer sur mon bras, et cependant aller où bon vous semble : cela se concilie difficilement, Frank… Pourtant, j’imagine que vous suivrez mes conseils, en tant qu’ils ne contrarieront pas vos idées. »

Je voulus parler… « Silence, s’il vous plaît, continua-t-il : en supposant que la chose vous convienne, vous partirez immédiatement pour le nord de l’Angleterre, vous irez chez votre oncle, et vous ferez connaissance avec sa famille. J’ai choisi un de ses fils (il est actif, je crois) ; j’en ai choisi un qui, m’assure-t-on, est bien digne de remplir la place que je vous destinais dans la maison. Mais il reste quelques arrangements à terminer, et votre présence peut être utile. Vous recevrez d’autres instructions à