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« P. S. Si vous m’envoyiez votre cornemuse et toutes les autres petites pièces qui en dépendent, je les arrangerais moi-même et jouerais quelques airs bien tristes, bien adaptés, puis-je dire, à ma pénible situation. Excusez-moi si je ne me présente pas moi-même chez vous ; mais, quoique je ne craigne pas de paraître devant vous, j’éprouve quelque répugnance à me montrer à mes amis et connaissances dans le misérable état où je suis réduit. »

Tandis que Mac-Gregor écrivait cette épître mélancolique, la mort, triste, mais sûr remède des maux de ce monde, la mort qui tranche tous les doutes et toutes les incertitudes, planait au-dessus de sa tête. Une note écrite au dos de la lettre fait savoir qu’il mourut huit jours après l’avoir écrite, en octobre 1754.

Il ne me reste plus maintenant qu’à parler du sort de Robin-Oig, car les autres fils de Rob-Roy n’ont eu aucune célébrité. Robin fut saisi par une troupe de soldats du fort d’Inversnaid, au pied du Gartmore, et conduit à Édimbourg, le 26 mars 1753. Après un délai qui fut prolongé peut-être par suite des négociations de James pour livrer Allan Breck Stewart à condition qu’on relâcherait son frère, Robin-Oig fut, le 24 décembre 1753, amené à la barre de la cour suprême de justice, et appelé sous le nom de Robert Mac-Gregor, alias Campbell, alias Drummond, alias Robert Oig ; l’accusation portée contre lui ressemblait beaucoup à celle qu’avait développée l’avocat de la couronne dans le dernier procès. Robert était en quelque sorte dans une position plus favorable que celle de son frère ; car bien qu’il eût joué le principal rôle dans ce mariage forcé, il pouvait alléguer qu’il s’était montré disposé à laisser partir Jeanne Key, s’il n’eût été influencé par les reproches et les menaces de son frère James. De plus, quatre années s’étaient écoulées depuis la mort de la victime, circonstance toujours favorable à l’accusé ; car en fait de crime il y a une espèce de perspective, et ceux qui remontent à une époque quelque peu éloignée, semblent moins odieux que ceux qui ont été récemment commis. Mais malgré ces considérations, le jury ne témoigna nullement le désir de sauver la vie à Robert, comme il avait fait pour James : il fut déclaré coupable du rapt de Jeanne Key[1].

Robin-Oig fut condamné à mort, et exécuté le 14 février 1756.

  1. Le procès des fils de Rob-Roy, avec des anecdotes sur lui-même et sa famille, a été publié à Édimbourg en 1818. a. m.