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grande intrépidité ; avec douze hommes seulement, il réussit à surprendre et à brûler pour la seconde fois le fort d’Inversnaid, construit tout exprès pour tenir en respect les Mac-Gregor.

Quel fut le rang ou le grade de James Mac-Gregor ? on l’ignore. Il se donne lui-même le titre de major ; et le chevalier Johnstone l’appelle capitaine. Il devait tenir rang au-dessous de Ghlune Dhu ; mais son caractère actif et audacieux l’éleva au-dessus de tous ses frères. Beaucoup de ses gens étaient sans armes ; il suppléa aux fusils et aux épées par des faux plantées droit au bout de leurs manches.

À la bataille de Preston-Pans, James-Roy se distingua. « Sa compagnie, dit le chevalier Jonhstone, fit un grand ravage avec les faux. » Ils coupaient les jambes des chevaux, et les cavaliers par le milieu du corps. Mac-Gregor était brave et intrépide, mais en même temps quelque peu fantasque et bizarre. En chargeant l’ennemi à la tête de sa compagnie, il reçut cinq blessures, dont deux par des balles qui lui traversèrent le corps de part en part. Couché à terre, la tête appuyée sur une main, il criait de toutes ses forces à ses gens : « Mes amis, je ne suis pas mort ; par Dieu ! je verrai bien si quelqu’un ne fait pas son devoir. » La victoire, comme on sait, fut remportée en peu d’instants.

Dans plusieurs lettres curieuses de James-Roy, on apprend qu’il eut en cette occasion l’os de la cuisse fracassé, et que néanmoins il rejoignit l’armée avec six compagnies, et fut présent à la bataille de Culloden. Après cette défaite, le clan Mac-Gregor se réunit, et ne se dispersa que lorsqu’il fut rentré dans son pays. Ils emmenèrent James-Roy avec eux dans une litière, et on lui permit, sans trop de peine, de résider dans le pays de Mac-Gregor avec ses autres frères.

James Mac-Gregor Drummond fut accusé de haute trahison tramée avec des personnages plus importants. Mais il paraît qu’il avait entretenu des intelligences avec le gouvernement, puisque, dans les lettres déjà mentionnées, il parle d’un passe-port du lord-secrétaire de la justice en 1747, qui était pour lui une protection suffisante. Cette circonstance n’est qu’obscurément énoncée dans une de ces lettres, mais, jointe à d’autres particularités, elle autorise le soupçon que James, comme son père, regardait les cartes des deux côtés. Le calme ne se rétablissant pas dans le pays, les Mac-Gregor, comme des renards qui ont dérouté les chiens, retournèrent dans leurs anciennes demeures, et y vécu-