Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/481

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— Je ne vous ai donné aucun sujet de me tant haïr, monsieur, et je désirerais pour vous que vous fussiez en ce moment dans une autre disposition d’esprit.

— Vous ne m’en avez pas donné sujet, vous que sans cesse j’ai trouvé sur mon chemin ! vous qui avez détruit toutes mes espérances, en amour, en intérêt, en ambition ! J’étais né pour être l’honneur de la maison de mon père, et, grâce à vous, j’en ai été l’opprobre ! Mon patrimoine est devenu le vôtre ; jouissez-en, et puisse la malédiction d’un homme mourant s’y attacher ! »

Un moment après avoir proféré cette affreuse imprécation, il retomba sur son siège : ses yeux devinrent fixes, ses membres se raidirent, mais l’expression convulsive d’une haine mortelle survécut à son dernier soupir.

Je ne m’arrêterai pas plus long-temps sur cet horrible tableau, et me bornerai à dire que la mort de Rashleigh assura mes droits à une succession que personne ne pouvait me contester. Jobson lui-même fut obligé de convenir que la ridicule accusation de haute trahison avait été portée contre moi sur un affidavit (attestation sous serment) que lui, Jobson, avait faite dans le seul but de favoriser les vues de Rashleigh en m’éloignant d’Osbaldistone-Hall. Le nom de ce fripon fut rayé de la liste des procureurs, et il mourut dans la pauvreté et le mépris.

Après avoir mis mes affaires en ordre, je retournai à Londres, heureux de quitter un séjour qui me rappelait tant et de si pénibles souvenirs. J’étais extrêmement inquiet du sort de Diana et de son père. Un Français qui vint à Londres pour des affaires de commerce m’apporta une lettre de miss Vernon qui me tranquillisa beaucoup en m’apprenant qu’ils étaient en sûreté.

Elle me disait dans cette lettre que ce n’était pas par l’effet du hasard que nous avions si à propos rencontré Mac-Gregor et sa troupe. Ceux des nobles écossais qui avaient pris part à l’insurrection désiraient vivement favoriser la fuite de sir Frédéric Vernon, qui, en qualité d’agent de confiance de la maison de Stuart, avait entre les mains des papiers qui pouvaient compromettre la moitié des grandes familles du pays. Rob-Roy, de la sagacité et du courage duquel ils avaient eu si souvent des preuves, fut choisi pour l’aider dans sa fuite, et le rendez-vous assigné à Osbaldistone-Hall. Vous avez vu comment ce plan faillit être déconcerté par le malheureux Rashleigh : néanmoins il réussit ; car lorsque sir Frédéric et sa fille furent remis en liberté, ils