Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/479

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« Demandez-vous pardon, pour l’amour de Dieu, du roi Jacques et de notre ancienne amitié ? » dit une voix que je reconnus très bien.

« Non, jamais ! » répondit Rashleigh avec fermeté.

« Eh bien, meurs donc, traître ! » dit Mac-Gregor ; et il lui plongea son épée dans le corps.

Le moment d’après, il était à la portière de la voiture ; il donna la main à miss Vernon, aida son père et moi à en sortir, et, en arrachant Jobson, il le précipita sous les roues.

« Monsieur Osbaldistone, » me dit-il tout bas, « vous n’avez rien à craindre, vous ; mais il faut que je songe à ceux qui sont en danger. Tranquillisez-vous sur le sort de vos amis. Adieu ! N’oubliez pas Mac-Gregor.

Il donna un coup de sifflet, et sa troupe se rassembla autour de lui ; bientôt je les vis s’enfoncer dans la forêt : Diana et sir Frédéric marchaient au milieu de la troupe. Le cocher et le postillon avaient abandonné leurs chevaux, et s’étaient enfuis au premier coup de pistolet ; mais ces animaux, arrêtés par la barricade, étaient restés parfaitement tranquilles, fort heureusement pour Jobson, qui, au moindre mouvement de la voiture, eût été écrasé sous les roues. Mon premier soin fut d’aller à son secours ; car ce drôle était tellement terrifié, qu’il lui eût été impossible de se relever sans aide. Je lui recommandai de faire attention que je n’avais eu aucune part à la délivrance des prisonniers, que je n’en profitais même pas pour m’échapper, et je lui conseillai de retourner au château afin de faire venir quelques-uns de ses gens qu’il y avait laissés, pour nous aider à donner du secours aux blessés. Mais l’effroi avait tellement paralysé toutes ses facultés, qu’il lui était impossible de faire un mouvement. Je résolus donc d’y aller moi-même. À quelques pas de là, je trébuchai contre un corps que je pris pour un cadavre ou pour un blessé : ce n’était pourtant qu’André Fairservice, aussi dispos, aussi bien portant qu’il eût jamais été de sa vie ; il avait jugé à-propos de prendre cette posture pour éviter les balles qui, un moment auparavant, sifflaient de divers côtés. Je fus si aise de le trouver en ce moment, que je ne pensai même pas à lui demander par quel hasard il avait été amené en cet endroit, et je lui ordonnai de me suivre.

Rashleigh fut le premier dont je m’occupai. En approchant de lui, je l’entendis pousser un gémissement que la rage sans doute, plutôt que la douleur, lui avait arraché, et il ferma les yeux