Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En parlant ainsi il prit le bras de sa fille, et, après m’avoir salué, disparut avec elle par la porte que cachait la tapisserie.


CHAPITRE XXXIX et dernier.

CATASTROPHE ET CONCLUSION.


Maintenant leur sort va se décider ; les événements se sont pressés, mais au lever de la toile la scène va s’éclaircir.
Don Sébastien.


À leur départ, je me sentis comme étourdi et le cœur comme glacé d’un froid mortel. Quand notre imagination se fixe sur l’objet de notre affection pendant une longue absence, elle nous le représente non seulement sous le jour qui lui est le plus avantageux, mais encore de la manière dont nous désirons le plus le voir. L’image de Diana était restée en moi telle que je la vis quand je reçus ses adieux, quand je sentis ma joue humide de ses larmes : la bague qu’elle m’avait fait remettre par Hélène Mac-Gregor avait été pour moi le gage qu’elle emportait mon souvenir dans l’exil et même dans le cloître. Je venais de la voir, et ses manières froides et résignées où je n’aurais dû voir qu’une tranquille mélancolie, avaient trompé mes espérances, m’avaient presque offensé. Dans l’égoïsme de la passion, je l’accusai d’indifférence, d’insensibilité ; l’orgueil, la cruauté, le fanatisme, tels furent les reproches que j’adressai à son père : j’oubliais que tous deux sacrifiaient leurs intérêts, et Diana son inclination, à l’accomplissement de ce qu’ils regardaient comme un devoir.

Sir Frédéric Vernon était un catholique rigide, qui croyait que le chemin du salut était fermé à un hérétique, et Diana, qui depuis plusieurs années faisait de la sûreté de son père le principe et le mobile de ses pensées, de ses espérances et de ses actions, sentait qu’elle n’accomplissait qu’un devoir en lui sacrifiant sa vie entière, ses plus chères affections. Il n’est pas surprenant que je fusse alors incapable d’apprécier dignement des motifs si honorables ; toutefois je ne voulais faire éclater mon ressentiment que d’une manière noble et généreuse.

« Je suis donc méprisé, » dis-je en repassant dans mon esprit