Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/468

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car je devais supposer que c’était avec son aide qu’ils s’étaient cachés dans le château. Diana me remercia de cette précaution par un doux regard.

« Maintenant vous connaissez tous mes mystères, me dit-elle ; vous savez sans doute quel lien cher et sacré m’unit à celui qui trouva si souvent un refuge dans ces lieux ; et vous ne devez plus vous étonner que Rashleigh, ayant pénétré ce secret, me gouvernât avec une verge de fer. »

Son père ajouta que leur intention était de m’embarrasser de leur présence le moins long-temps possible.

Je le suppliai de ne s’occuper de rien autre chose que de leur sûreté, et de compter que tous mes efforts tendraient à ce but, ce qui amena sir Frédéric à m’expliquer les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient.

« Rashleigh Osbaldistone m’avait toujours été suspect, me dit-il ; mais sa conduite envers ma fille, conduite dont je ne lui arrachai l’aveu qu’avec difficulté, et l’abus de confiance dont il se rendit coupable envers votre père, m’inspirèrent pour lui de l’aversion et du mépris. Dans notre dernière entrevue, je ne pus lui cacher ces sentiments autant que la prudence aurait dû m’engager à le faire ; et, pour se venger, il ajouta la trahison et l’apostasie à la liste de ses crimes. J’osais me flatter alors que sa défection serait de peu d’importance. Le comte de Marr avait une brave armée en Écosse, et lord Derwentwater, avec Forster Kenmore, Winterton et autres, assemblaient des forces sur les frontières. Comme j’avais des relations étendues avec tous ces seigneurs et gentilshommes anglais, on jugea utile que j’accompagnasse un détachement de montagnards qui, sous le brigadier Mac-Intosh de Borlum, passa le Forth, traversa les basses terres d’Écosse, et se réunit sur les frontières aux insurgés anglais. Ma fille m’accompagna, et partagea tous les périls et les fatigues d’une marche si longue et si difficile…

— Et jamais elle ne quittera son bien aimé père, s’écria miss Vernon, en s’appuyant tendrement sur son bras.

« À peine avais-je rejoint nos amis, que je reconnus que notre cause était perdue. Notre nombre diminuait au lieu d’augmenter, et nous n’étions soutenus que par ceux qui partageaient nos opinions religieuses ; les torys protestants restaient généralement indécis. Enfin nous fûmes assiégés par des forces supérieures dans la petite ville de Preston. Nous nous défendîmes bravement pen-