Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/459

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que je venais d’apprendre. « Je n’avais jamais entendu dire, repris-je, que le père de miss Vernon fût encore vivant.

— Ce n’est pas la faute de notre gouvernement, reprit Inglewood ; car du diable s’il existe un homme pour la tête duquel il eût donné plus d’argent. Il a été condamné à mort pour la conspiration de Fenwick, et on croit qu’il ne fut pas étranger à l’affaire de Knight-Bridge, du temps du roi Guillaume. Comme il avait épousé une parente de la maison de Breadalbane, il avait en Écosse une influence considérable. On dit même qu’une des conditions de la paix de Ryswick était qu’il serait livré au gouvernement ; mais il feignit une maladie, et sa mort fut publiquement annoncée dans tous les journaux français. Cependant quand il revint ici, nous autres vieux Cavaliers[1], nous n’eûmes pas de peine à le reconnaître, c’est-à-dire que je le reconnus sans être Cavalier moi-même ; mais comme il n’y eut pas de dénonciation faite contre le pauvre gentilhomme et que de fréquentes attaques de goutte me rendaient souvent la mémoire fort courte, je n’aurais pas pu affirmer sous serment que c’était lui. Vous entendez ?

— Mais n’était-il donc pas connu à Osbaldistone-Hall ?

— Il ne l’était que de sa fille, du vieux baronnet et de Rashleigh, qui avait pénétré ce secret comme il en pénétrait tant d’autres, et qui s’en servait comme d’une corde passée autour du cou de cette pauvre Diana. Je l’ai vue cent fois prête à lui sauter au visage, si elle n’avait été retenue par ses craintes pour son père, dont la vie n’aurait pas été en sûreté pendant cinq minutes s’il avait été découvert par le gouvernement. Mais ne vous méprenez pas sur mes paroles, monsieur Osbaldistone : je ne veux pas dire que le gouvernement ne soit bon, juste et clément ; et s’il a fait pendre la moitié des rebelles, pauvres diables ! tout le monde conviendra qu’on n’en aurait pas touché un seul, s’ils étaient restés paisiblement chez eux. »

Détournant la discussion de ces questions politiques, je ramenai M. Inglewood à son sujet, et j’appris que Diana, ayant positivement refusé d’épouser aucun des fils Osbaldistone, et ayant exprimé une haine particulière pour Rashleigh, ce dernier, à dater de ce moment, avait commencé à se refroidir pour la cause du Prétendant, cause qu’il n’avait embrassée que parce qu’étant le plus jeune de six frères, d’un caractère entreprenant, adroit et

  1. Partisans de la maison des Stuarts. a. m.