Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/452

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Cependant la rébellion avait gagné l’Angleterre. Le malheureux comte de Dewentwater avait pris les armes contre le roi avec le général Foster. Mon pauvre oncle, sir Hildebrand, dont les revenus étaient réduits presque à rien, tant par sa propre insouciance que par la prodigalité, l’inconduite de ses fils et le désordre qui régnait dans sa maison, se laissa facilement persuader de se joindre à ce fatal étendard ; mais avant de prendre ce parti, il montra un degré de prévoyance dont je ne l’aurais pas cru capable, il fit son testament.

Par cet acte il laissait son domaine d’Osbaldistone et tous ses biens à tous ses enfants successivement, et à leurs héritiers mâles, jusqu’à ce qu’il arrivât à Rashleigh, qu’il détestait de toute son âme à cause de son apostasie politique. Il lui laissait donc un schelling à titre de légitime, et me substituait le domaine, comme à son proche héritier, en cas de mort de ses cinq autres fils. Le vieux gentilhomme avait toujours eu de l’affection pour moi ; mais il est probable que, se voyant entouré de ses cinq fils, jeunes, de taille et de force athlétiques, qui venaient de prendre les armes avec lui, il envisageait cette disposition comme ne devant jamais s’accomplir, et ne l’avait faite que pour témoigner à Rashleigh, d’une manière solennelle, son ressentiment de sa double trahison. Il y avait une clause par laquelle il léguait à la nièce de feue sa femme Diana Vernon, maintenant lady Diana Beauchamp, quelques diamants qui avaient appartenu à sa tante, et un grand vase en argent sur lequel étaient gravées les armes des Osbaldistone et des Vernon.

Mais il entrait dans les décrets du ciel que sa nombreuse et robuste postérité s’éteignît beaucoup plus tôt qu’il ne l’avait supposé lui-même. À la première revue que les conspirateurs passèrent dans un lieu appelé Green-Higg, Thorncliff eut une dispute sur la préséance avec un gentilhomme des frontières du Northumberland, aussi violent et aussi intraitable que lui. En dépit de toutes les représentations qu’on pût leur faire, ils montrèrent à leur commandant combien peu ils devaient compter sur la discipline du corps, en se battant à l’épée, et mon cousin fut tué sur la place. Sa mort fut une grande perte pour sir Hildebrand ; car malgré son caractère bourru et querelleur, il avait un grain ou deux de bon sens de plus que ses autres frères, Rashleigh toujours excepté.

Perceval, le buveur, eut aussi une mort digne de lui. Il fit un