Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/45

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sujets presque semblables, quoique inférieurs en dignité et en intérêt.

À mesure qu’il avança en âge, Rob-Roy prit des habitudes de plus en plus pacifiques, et son neveu Ghlune Dhu, avec beaucoup de ses alliés, renonça à ces querelles avec le duc de Montrose dans lesquelles son oncle s’était tant distingué. La politique de cette grande famille consistait alors à s’attacher cette tribu redoutable par des bienfaits plutôt que par des violences inutiles, sinon nuisibles. Moyennant de modiques redevances, on accorda des terres à la plupart des Mac-Gregor qui avaient eu jadis des possessions sur les domaines du duc dans les montagnes, mais comme simples tenanciers ; et Glengyle (Genou-Noir), qui continuait de lever la rente noire, fut conservé par le gouvernement dans son titre de capitaine du guet des montagnes. On dit qu’il s’abstint rigoureusement des déprédations illégales que son oncle avait exercées.

Ce fut probablement après avoir obtenu cet état de repos momentané que Rob-Roy commença à songer à son avenir. Élevé dans le culte protestant, il était resté long-temps attaché à cette secte ; mais, dans ses dernières années, il embrassa la foi catholique romaine, peut-être d’après le principe de Cole, parce que c’est une religion commode pour les gens de sa profession. On dit qu’il allégua, comme motif de conversion, le désir de satisfaire la noble famille de Perth, dont tous les membres étaient alors de sévères catholiques. Après avoir, observait-il, pris le nom du duc d’Argyle, son premier protecteur, il ne pouvait rendre au comte de Perth un hommage digne de lui qu’en adoptant sa religion. Rob ne prétendait pas, lorsqu’on le serrait vivement sur ce sujet, justifier tous les préceptes du catholicisme, et reconnaissait que l’extrême-onction lui avait toujours paru une inutile consommation d’huile[1].

Dans les dernières années de la vie de Rob-Roy, son clan s’engagea dans une dispute avec un autre clan plus puissant que lui. Stewart d’Appin, chef de la tribu de ce nom, était propriétaire d’une petite ferme située au milieu des landes de Balquhidder, et appelée Invernenty. Les Mac-Gregor de la tribu de Rob-Roy la réclamèrent comme l’ayant jadis possédée, et déclarèrent que personne ne s’établirait dans la ferme, sinon un Mac-Gregor ; les

  1. Ce mot est attribué au brigand Donald Bean Lean, dans Waverley. a. m.