Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/418

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titre, résidait au château d’Osbaldistone en même temps que moi.

— Certainement, certainement, et dans l’appartement de la jeune dame, comme cela devait être. « Il me semblait que par cette information gratuite il prît plaisir à irriter mon tourment… « Mais, ajouta Mac-Gregor, peu de personnes savaient qu’il était dans la maison, excepté Rashleigh et sir Hildebrand ; car il ne pouvait être question de vous ; et les autres jeunes gens n’ont pas assez d’esprit pour empêcher le chat d’approcher de la crème. Savez-vous que c’est une belle maison des anciens temps. Ce que j’en admire le plus, c’est le nombre d’endroits secrets, de passages et de cachettes… On pourrait y cacher vingt ou trente hommes, que toute une famille qui viendrait habiter le château y passerait huit jours sans s’en apercevoir, ce qui certainement, dans certaines occasions, a bien son avantage… Je voudrais que nous eussions un second château d’Osbaldistone dans les montagnes du Hoyston… mais, nous autres pauvres montagnards, il faut nous contenter de nos bois et de nos cavernes.

— Je suppose que Son Excellence a eu connaissance du premier accident arrivé à…. »

Je ne pus m’empêcher d’hésiter avant de prononcer ce nom.

« À Morris, voulez-vous dire ? » reprit Rob-Roy, trop accoutumé à des actes de violence pour que l’agitation qu’il venait d’éprouver fût durable. « J’ai souvent ri de bon cœur en pensant à ce tour, mais je n’en ai plus le courage depuis ce maudit accident du lac… Non, non. Son Excellence ne savait rien de ce complot… C’était une chose arrangée entre Rashleigh et moi… Mais c’est la suite qui fut plaisante ! D’abord cette ruse de Rashleigh de se débarrasser du soupçon en le faisant tomber sur vous, contre lequel il s’était prévenu tout d’abord ; puis miss Diana qui détruit une trame si bien ourdie, et vous tire des griffes de la justice ; ce poltron de Morris, terrifié au point d’en perdre la tête, en voyant paraître le vrai coupable au moment où il accusait l’innocent étranger ; cet imbécile de clerc, cet ivrogne de juge…. Oh ! oh ! j’en ai ri bien des fois !… Et maintenant, tout ce que je puis faire pour le pauvre diable, c’est de faire dire des messes pour le repos de son âme.

— Puis-je vous demander comment il se fait que miss Vernon ait eu assez d’influence sur Rashleigh et ses complices pour déranger votre plan ?

— Mon plan ? Ce n’était pas le mien. Aucun homme ne peut