Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/417

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cellence à ce sujet, et mon intention était bien certainement de contribuer à vous les faire rendre. Ce fut dans ce but que je vous invitai à venir dans les montagnes ; mais il paraît que Son Excellence a rencontré Rashleigh plus tôt que je ne l’espérais. »

La première partie de cette réponse fut ce qui me frappa le plus.

« La lettre que je vous ai apportée était donc de cette personne que vous appelez Son Excellence ?… Quelle est cette personne ? quel est son rang ? quel est son nom ?

— Si vous ne le savez pas, il n’est pas très-important pour vous de l’apprendre, ainsi je ne vous en dirai rien. Mais je vous assure que la lettre était de sa propre main ; car ayant alors sur les bras assez d’affaires qui m’étaient personnelles, comme vous le voyez, j’avoue que je me serais peu inquiété de me mêler des vôtres. »

Je me rappelai en ce moment les lumières que j’avais vues dans la bibliothèque, les différentes circonstances qui avaient excité ma jalousie, le gant, l’agitation de la tapisserie qui couvrait le passage secret conduisant à l’appartement de Rashleigh ; je me souvins surtout que Diana s’était retirée pour écrire, comme je le croyais alors, le billet auquel je devais avoir recours à la dernière extrémité. Ses moments n’étaient donc pas consacrés à la solitude, mais à recevoir les vœux de quelque agent des intrigues des jacobites, qui habitait secrètement la maison de son oncle ! On a vu des jeunes filles se vendre au poids de l’or, ou se laisser égarer par la vanité au point de trahir leur premier amour ; mais Diana avait sacrifié mes sentiments et les siens pour partager le sort de quelque misérable aventurier, pour parcourir avec lui, la nuit, un pays désert et sauvage, et y chercher les repaires des brigands, sans autre espoir de rang et de fortune que l’ombre vaine que la prétendue cour des Stuarts pouvait lui offrir dans le palais de Saint-Germain.

Je la verrai, pensai-je ; je la verrai encore une fois, s’il est possible ; je lui parlerai en ami, en parent, sur les dangers qu’elle court, et je faciliterai sa retraite en France, où elle pourra, avec plus de convenance et de sûreté, attendre l’issue des mouvements que l’intrigant politique auquel elle a uni sa destinée cherche probablement à exciter.

« Je dois conclure alors, » dis-je à Mac-Gregor, après avoir de part et d’autre gardé le silence pendant quelques minutes, « que Son Excellence, puisque vous ne me faites connaître que ce