Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nom, tous deux en qualité de bergers. Un beau matin, vers la fin d’octobre, époque où l’on avait à redouter le plus de tels brigandages, ils trouvèrent que les bandits des hautes terres s’étaient précipités sur leurs troupeaux, et avaient emmené dix à douze têtes de bétail. On envoya aussitôt chercher Rob-Roy, qui vint avec sept ou huit hommes armés. Il écouta gravement le récit de toutes les circonstances du vol, et annonça qu’il espérait que les bergers fous[1] n’étaient pas encore loin avec leur butin, et qu’il pourrait les rattraper. Il demanda que deux hommes des basses terres vinssent avec lui ; car il ne fallait pas s’attendre à ce qu’aucun des hommes de sa suite voulût se donner la peine de ramener ces bestiaux, quand ils seraient retrouvés. Mon narrateur et son père furent désignés. Cette commission ne leur plaisait guère ; pourtant ils prirent quelques vivres, et, suivis d’un chien pour conduire plus aisément le bétail, ils partirent avec Mac-Gregor. Ils marchèrent toute la journée dans la direction de la montagne Benvoirlich, et passèrent la nuit dans une hutte en ruine. Le lendemain, dès le jour, ils continuèrent leur route à travers les montagnes, Rob-Roy se dirigeant d’après des signes et des marques empreintes sur la bruyère auxquelles mon narrateur ne comprenait rien.

Vers midi, Rob ordonna à ses gens de faire halte et de se coucher dans la partie la plus épaisse de la bruyère. « Vous et votre fils, dit-il au plus vieux Lowlander, gravissez sans crainte la montagne ; vous apercevrez au dessous de vous, dans le vallon opposé, les bestiaux de votre maître, paissant avec d’autres peut-être. Rassemblez les vôtres, gardez-vous de toucher aux autres, et amenez-les ici.

— Mais s’ils nous maltraitent, s’ils nous tuent ? « dit le paysan lowlander, qui n’était nullement charmé de jouer, lui et son fils, le rôle d’ambassadeurs.

« S’ils vous font le moindre mal, dit Rob, je ne leur pardonnerai de ma vie. »

L’homme des basses terres ne fut nullement tranquillisé par cette assurance ; mais il se souvint qu’il pouvait être dangereux de résister aux ordres de Rob.

Son fils et lui gravirent donc la montagne, et trouvèrent une vallée profonde où ils virent, comme Rob l’avait prédit, un trou-

  1. Bergers fous, nom donné aux voleurs de bestiaux. a. m.