Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/383

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de ces habits rouges, je m’en chargerais avec beaucoup plus de plaisir, car ces deux honnêtes gentilshommes sont des amis de Gregarach, et ils venaient ici sur l’invitation du chef, et non pour aucun projet de trahison, comme je puis le certifier moi-même. »

La dame allait répondre, quand on entendit les notes sauvages de la cornemuse du côté de la route d’Aberfoïl : c’était la même sans doute que l’arrière-garde du capitaine Thornton avait entendue, et qui l’avait déterminé à forcer le défilé en avant plutôt que de s’exposer à être mis entre deux feux. L’escarmouche ayant été de très-courte durée, les hommes que précédait cette musique militaire, quoiqu’ils eussent hâté leur marche en entendant la fusillade, n’avaient pu arriver à temps pour y prendre part. La victoire s’était donc achevée sans eux, et ils semblaient arriver tout juste à temps pour féliciter leurs compatriotes de leur triomphe.

Il y avait une différence remarquable entre ces nouveaux venus et la troupe qui avait battu notre escorte, et cette différence était entièrement au désavantage de celle-ci. Parmi les montagnards qui environnaient la commandante[1], si je puis l’appeler ainsi sans offenser la grammaire, on voyait des vieillards, des enfants à peine en âge de porter les armes, même des femmes, enfin tous ceux qui ne combattent que dans les occasions désespérées, circonstance qui avait ajouté à l’amertume du chagrin et à la confusion du brave capitaine Thornton, quand il avait reconnu quels méprisables ennemis, grâce à leur nombre et à leur position, avaient vaincu ses braves vétérans. Mais les trente ou quarante montagnards qui venaient de se réunir aux premiers étaient des hommes dans la fleur ou dans la force de l’âge, bien faits et vigoureux, et leur costume exposait dans tout leur avantage leurs membres robustes et leurs muscles fortement dessinés. Ils étaient aussi supérieurs à la première troupe par les armes que par la bonne tenue. À un petit nombre près qui portaient des fusils, les montagnards qui entouraient le chef femelle étaient armés de haches, de faulx et autres armes étranges, quelques-uns même n’avaient que de gros bâtons, des poignards et de longs couteaux ; mais la plupart des nouveaux venus avaient des pistolets à la ceinture, un poignard et un sabre au côté, un fusil à la main, et un bouclier

  1. Chieftainess. a. m.