Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/366

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du roi, vous ne regretterez pas un jour de retard quand cela peut être utile à son service : dans le cas contraire, je n’aurai fait que mon devoir. »

Force était de nous contenter de son apologie, et nous le suivîmes, quoiqu’à regret.

Je n’oublierai jamais avec quelle sensation délicieuse je quittai l’atmosphère sombre, étouffante et enfumée de la hutte montagnarde où nous avions passé si incommodément la nuit, pour la fraîcheur embaumée de l’air du matin, et les rayons éclatants du soleil levant, qui, sortant d’un tabernacle d’or et de pourpre, éclairait le paysage le plus pittoresque, le plus abondant en beautés naturelles, qui ait jamais ravi mes yeux. À gauche était la vallée à travers laquelle le Forth serpentait en poursuivant son cours vers l’est, et entourait d’une guirlande de bois taillis le pied d’une belle colline entièrement détachée ; à droite, au milieu de rocs nus, d’épais buissons et d’une profusion de monticules, s’étendait un large lac, dont la surface, légèrement ondulée par la brise du matin, formait de petites vagues que les rayons du soleil rendaient étincelantes. Les bords de cette magnifique nappe d’eau étaient environnés de masses de roches et de montagnes majestueuses sur lesquelles se balançaient des forêts de bouleaux et de chênes. Le frémissement harmonieux du feuillage agité par le vent, le reflet des rayons du soleil, donnaient à cette solitude un air de vie et de mouvement. L’homme seul paraissait petit dans ces lieux où la nature se montrait sous les formes les plus élevées et les plus majestueuses. Les misérables petites huttes qui, au nombre d’une douzaine, formaient le village appelé le clachan d’Aberfoïl, étaient construites de pierres brutes cimentées par du limon au lieu de mortier, et couvertes de mottes de gazon grossièrement placées sur des branches de bouleau et de chêne coupées dans les bois voisins ; ces toitures descendaient si près de la terre qu’André Fairservice remarqua que la nuit précédente nous aurions pu faire galoper nos chevaux par-dessus les maisons du village, sans nous en apercevoir, à moins que les pieds de nos bêtes n’eussent passé à travers le toit.

D’après ce que nous vîmes, la maison de mistress Mac-Alpine, toute misérable qu’elle nous avait paru, était encore bien supérieure à toutes les autres. Et dans le cas où ma description vous inspirerait quelque curiosité de la voir, je ne crois pas que vous y trouviez beaucoup de changements au moment actuel, car les