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La jolie et vieille ballade satirique sur la bataille de Sherriff-Muir ne manqua pas de noter d’infamie la conduite de notre héros en cette mémorable occasion.


Rob-Roy sur la colline était en sentinelle
Pour piller le butin ;
Car à tenir ce poste ayant borné son zèle,
Il ne le quitta point que tout ne fût à fin.


Malgré l’espèce de neutralité que Rob-Roy avait gardée pendant l’insurrection, il n’échappa point aux punitions qui la suivirent. Il fut compris dans l’acte d’attainder (mandat d’amener), et la maison de Breadalbane, qui lui servait d’asile, fut brûlée par le général lord Cadogan, lorsque, la rébellion terminée, ce général parcourut les montagnes pour désarmer et punir les clans rebelles. Mais s’étant rendu à Inverary avec quarante ou cinquante de ses hommes, Rob obtint sa grâce en feignant de livrer toutes ses aimes au colonel Patrick Camphell de Finnah, qui accoida sa protection au chef et à sa bande. Se trouvant ainsi à peu près à l’abri des vengeances du gouvernement, Rob-Roy établit sa résidence à Creig-Royston, près du Loch-Lomond, au milieu de ses parents, et s’occupa bientôt de recommencer sa querelle privée avec le duc de Montrose. Dans cette intention il mit sur pied autant d’hommes, et aussi bien armés, que ceux qu’il avait commandés autrefois. Il était toujours accompagné d’une escorte de dix à douze hommes choisis, et pouvait aisément en porter le nombre à cinquante ou soixante.

Le duc employa tous les moyens possibles pour se débarrasser d’un adversaire si incommode. Sa Grâce s’adressa au général Carpenter, commandant de l’armée d’Écosse, et par son ordre, trois forts détachements furent dirigés de trois points différents, Glascow, Stirling, et Finlarig près Killin. M. Graham de Kiilearn, parent et régisseur du duc de Montrose, de plus shérif-député du Dumbarton-shire, accompagna les troupes, afin qu’elles pussent agir au nom de l’autorité civile et être dirigées par un guide sûr et connaissant parfaitement les montagnes. On avait l’intention de faire arriver ces trois colonnes en même-temps dans le voisinage de la résidence de Rob-Roy, afin de l’y surprendre, lui et les siens. Mais une pluie abondante, la difficulté des chemins, et les renseignements certains qui parvenaient toujours d’avance au proscrit, firent manquer un plan si bien combiné. Les troupes, voyant les oiseaux envolés, s’en vengèrent en détrui-