Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/331

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théâtre. Il connaissait bien l’histoire ancienne de son pays ; et, avec le regard prévoyant d’un patriote éclairé, il entrevoyait pour lui dans l’avenir l’aurore de cette prospérité qui ne brille que depuis quelques années. Je remarquai aussi avec plaisir que, quoique Écossais dans toute l’étendue du mot, il avait de l’Angleterre une opinion assez juste. Quand il plut à André Fairservice (que, soit dit en passant, le bailli ne pouvait souffrir) d’imputer à l’influence funeste de l’Union l’accident arrivé à un de nos chevaux qui s’était déferré, il s’attira une rebuffade sévère de M. Jarvie, qui lui dit :

« Paix, monsieur !… paix ! ce sont de mauvaises langues comme la vôtre qui propagent la haine entre les voisins et les nations. Il n’y a rien de si bien qu’il ne puisse être mieux, et on peut en dire autant de l’Union. Personne ne s’y était d’abord opposé avec plus d’acharnement que les habitants de Glasgow, avec leurs rassemblements et les soulèvements de leur populace. Mais c’est un mauvais vent que celui qui ne souffle du bon côté pour personne. Que chacun traverse le gué comme il le trouve… Je le répète, que Glasgow fleurisse, comme on l’a mis très-élégamment en forme de devise autour des armes de la ville… Au temps où saint Mungo pêchait des harengs dans la Clyde, qui pouvait dire qu’elle serait un jour plus florissante par le commerce du sucre et du tabac ? Que l’on réponde à cela. Cessez donc de murmurer contre le traité qui nous a ouvert le chemin des Indes occidentales. »

André Fairservice était loin de se rendre à ces arguments : il fit même une sorte de protestation en grommelant entre ses dents : « C’est une chose à laquelle on ne saurait s’accoutumer de voir faire en Angleterre des lois pour l’Écosse. Quant à lui, tous les barils de harengs qui étaient à Glasgow, et même toutes les balles de tabac par-dessus le marché, ne lui auraient pas fait abandonner le parlement écossais, et livrer notre couronne,