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le joindre le lendemain matin à cinq heures, et avoir décidé avec lui qu’Owen, dont la présence ne pouvait nous être d’aucune utilité dans notre expédition, attendrait notre retour à Glasgow, nous nous séparâmes de cet ami généreux, dont nous avions été si loin d’attendre tant de zèle pour nos affaires. J’installai Owen dans une chambre qui dépendait de mon appartement, et après avoir ordonné à André Fairservice de se tenir prêt à m’accompagner le lendemain à l’heure indiquée, je me mis au lit avec plus d’espérance que je n’en avais conçu depuis plusieurs jours.


CHAPITRE XXVII.

VOYAGE.


L’œil, aussi loin qu’il peut s’étendre, ne rencontrait pas un seul arbre. Partout la terre, dépouillée et rougeâtre, y semblait insulter à la verdure. On l’apercevait aucun oiseau, si ce n’est quelques oiseaux de passage ; on n’entendait là ni le bourdonnement de l’abeille, ni le doux roucoulement de la colombe ; aucun ruisseau, dans son cours limpide et fugitif, ne venait récréer les yeux par sa vie ou caresser l’oreille par son murmure.
Prédiction de la famine.


Cette époque de l’année était celle de la moisson, où la température est si douce et si vivifiante. Je sortis de chez moi de grand matin pour me rendre chez M. Jarvie, qui demeurait tout près de l’hôtel de mistress Flyter, et à sa porte je trouvai Fairservice avec les chevaux, suivant l’ordre que je lui en avais donné. La première chose qui attira mon attention fut que, malgré les défauts et les infirmités du cheval que le conseiller légal de M. Fairservice, le clerc Touthope, avait eu la générosité de lui donner en échange de la jument de Thorncliff, il avait trouvé le moyen de s’en défaire et de se procurer à sa place un animal qui boitait d’une manière si complète et si étrange, qu’il ne semblait faire usage que de trois de ses pieds, le quatrième ne se levant en l’air que comme pour servir d’accompagnement aux autres. Mon premier mouvement fut de m’écrier avec impatience : « À quoi pensez-vous de m’a-