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ment les Mac-Gregor qu’ils n’osèrent sortir de leurs retraites que pour fuir vers le camp général des Highlandais, à Strath-Fillan[1]. Les hommes des basses terres réussirent à s’emparer de leurs barques, après une grande dépense de bruit et de courage, mais sans grand péril.

Après cette expulsion momentanée de son ancienne retraite, Rob-Roy fut envoyé par le comte de Mar à Aberdeen, pour soulever, à ce que l’on croit, le clan de Gregor établi dans ce pays. Ces hommes étaient de sa famille (la race du Ciar-Mohr) : c’étaient les descendants d’environ trois cents Mac-Gregor que le comte de Murray, vers l’année 1624, y fit passer de ses domaines du Monteith, pour les opposer à ses ennemis les Mac-Intosh, tribu aussi hardie, aussi turbulente que les Mac-Gregor.

Mais, dans la ville d’Aberdeen, Rob-Roy rencontra un parent d’un genre et d’un caractère bien différents de ceux qu’il venait exciter à prendre les armes : c’était le docteur James Gregory (Mac-Gregor d’origine), le patriarche d’une dynastie de professeurs célèbres pour leurs talents littéraires et scientifiques et qui est le grand’père de feu Grégory d’Édimbourg, fameux médecin et littérateur accompli. Ce savant était alors professeur de méde-

  1. L’expédition de Loch-Lomond a été jugée digne d’une brochure particulière que je n’ai jamais eue sous les yeux, mais qui, d’après les citations de l’historien Rae, doit être précieuse : « Le matin du jeudi 13, ils partirent pour leur expédition, et arrivèrent à midi environ à Inersnaid, l’endroit périlleux, où les hommes de Paisley, ceux de Dumbarton et quelques autres de leur compagnie, au nombre d’une centaine, s’élancèrent sur la côte avec la plus grande intrépidité, s’avancèrent jusqu’au pied des montagnes, et firent une longue pause, battant toujours du tambour. N’apercevant pas l’ennemi, ils se mirent à chercher leurs barques, que les insurgés avaient prises. Ayant vu par hasard des cordages et des rames qu’on avait jetées dans les broussailles, ils trouvèrent enfin leurs barques, qu’on avait entraînées assez loin dans les terres, et qu’ils ramenèrent à force de bras vers le lac, celles du moins qui n’étaient pas endommagées ; car, pour celles-ci, ils les défoncèrent et les mirent en pièces. Ils revinrent la même nuit à Luss, et le jour suivant à Dumbarton, d’où ils étaient partis, ramenant avec eux toutes les barques qu’ils trouvèrent de l’autre côté du lac et dans les anses des îles, et qu’ils amarrèrent sous le canon du château. Durant cette expédition, le feu continuel des chaloupes canonnières, les décharges successives de la mousqueterie, répètes par les nombreux échos des hautes montagnes qui s’élèvent sur les deux rives du lac, firent un tel vacarme que les Mac-Gregor épouvantés s’enfuirent rejoindre le reste des rebelles, campés à Strath-Fillan. » Histoire de l’Insurrection, par Rae, in-4o page 287.