Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/301

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porté au débit de la maison Osbaldistone et Tresham, à son profit.

« C’est peut-être une grande perte, observa-t-il, et sur ma conscience, quoi qu’en puissent penser vos marchands d’or de Lombard-Street, c’en serait une très-importante pour un négociant de Salt-Market de Glasgow. Ce serait un beau fleuron enlevé à ma couronne. Mais enfin cela ne ferait pas encore manquer ma maison, j’espère ; et quand cela serait, je n’imiterai jamais la bassesse de ces corbeaux de Gallowgate. Si vous devez me faire perdre, je n’oublierai jamais que vous m’avez fait gagner plus d’une bonne livre sterling. Ainsi, dussent les choses en venir au pis, je n’attacherai pas la tête de la truie à la queue du pourceau. »

Je ne comprenais pas très-bien la force de ce dernier proverbe, qui semblait servir de consolation à M. Jarvie ; mais il m’était facile de voir qu’il prenait un intérêt bienveillant et amical aux affaires de mon père : en effet, il suggéra plusieurs expédients, approuva quelques uns des plans proposés par Owen, et, par son appui autant que par ses conseils, parvint à éclaircir le sombre nuage de tristesse qui était répandu sur le front de ce fidèle délégué de la maison de mon père.

Comme, dans tout ceci, j’étais spectateur oisif, et que je montrai plus d’une fois du penchant à revenir sur Campbell, sujet peu agréable à M. Jarvie, et qui paraissait l’embarrasser beaucoup, le magistrat me congédia sans beaucoup de cérémonie, en me conseillant d’aller me promener du côté du collège, où je trouverais des gens qui me parleraient grec et latin. « Au moins ils coûtent assez d’argent pour cela, ajouta-t-il, et s’ils n’en profitent pas, il faut que ce soit le diable qui le fasse à leur place. Et puis vous pourrez lire aussi la Traduction des saintes Écritures du digne M. Zacharie Boyd. En fait de poésie, il ne peut y avoir rien de mieux que cela, à ce que m’ont dit des gens qui s’y connaissent ou qui doivent s’y connaître. Mais surtout, reprit-il avec cordialité, revenez dîner avec moi à une heure précise. Nous aurons un gigot de mouton, et peut-être une tête de bélier, car c’est la saison. Ne manquez pas d’être exact : une heure ; c’est celle à laquelle mon père le diacre et moi nous avons toujours dîné, et jamais nous ne l’avons retardée pour personne.