Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/287

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— Bon, bon, trêve à votre whigisme ; répondit le Celte ; nous ne nous connaissons pas d’aujourd’hui. J’aurai soin que les montagnards en jupon respectent votre banque lorsqu’ils descendront visiter les boutiques de Glasgow et les débarrasser de leurs vieilles marchandises ; et quant à vous, à moins que votre devoir ne vous y contraigne absolument, je vous engage à ne me voir, Nicol, qu’autant que je voudrai être vu.

— Vous êtes un intrépide coquin, Rob, répondit le bailli, et on entendra dire quelque jour que vous avez été pendu, cela est certain ; mais je ne veux pas faire comme le vilain oiseau qui souille son propre nid, à moins d’y être forcé par la nécessité, par la loi du devoir, auquel aucun homme ne doit être rebelle. Mais qui diable est celui-là ? » continua-t-il en se retournant vers moi, « quelque jeune pillard que vous avez enrôlé, je suppose ; il a l’air d’avoir un cœur hardi pour dévaliser sur les grands chemins, et un long cou pour la potence.

— Mon bon monsieur Jarvie, » dit Owen qui, ainsi que moi, était resté muet pendant cette étrange reconnaissance et ce dialogue non moins extraordinaire entre ces deux singuliers parents ; « mon bon monsieur Jarvie, c’est le jeune M. Frank Osbaldistone, le fils unique du chef de notre maison, qui devait y occuper la place confiée à son cousin Rashleigh… » Ici Owen ne put retenir un profond soupir. » Mais quoi qu’il en soit…

— Oh ! j’ai entendu parler de ce jeune muscadin, dit le marchand écossais en l’interrompant ; c’est lui dont votre patron, comme un vieux fou d’entêté, voulait bon gré mal gré faire un négociant, et qui, par aversion pour un travail qui fait vivre un honnête homme, s’est engagé dans une troupe de comédiens ambulants. Eh bien, monsieur, que dites-vous de cette belle œuvre ? Hamlet le Danois, ou le spectre d’Hamlet, fournira-t-il caution à M. Owen ?

— Je ne mérite pas ce reproche, monsieur, mais je respecte vos motifs, et je suis trop reconnaissant de l’appui que vous prêtez à M. Owen pour m’en offenser. Le seul motif qui m’amenait ici était de voir ce que je pourrais faire, et c’était peu de chose sans doute, pour aider M. Owen dans l’arrangement des affaires de mon père. Quant à mon éloignement pour la profession du commerce, c’est un sentiment dont je suis le seul et le meilleur juge.

— Et moi, dit le montagnard, je me sentais déjà porté à estimer ce jeune homme, avant de savoir ce qu’il était ; mais maintenant