Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/277

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d’une garantie immédiate qui les mît à couvert contre toute chance de perte ; et s’expliquant enfin plus clairement, ils exigèrent qu’on déposât entre leurs mains des valeurs excédant la somme qui leur était due. Owen repoussa cette demande avec indignation, comme injurieuse pour ses commettants, injuste pour les autres créanciers de la maison Osbaldistone et Tresham, et comme un procédé plein de la plus grande ingratitude.

Les associés écossais, dans le cours de cette dispute, obtinrent ce que les gens qui ont tort cherchent toujours, c’est-à-dire l’occasion et le prétexte de se mettre dans une violente colère, et de s’autoriser de la prétendue provocation qu’ils avaient reçue pour prendre des mesures auxquelles peut-être un sentiment de pudeur, sinon de conscience, les eût empêchés d’avoir recours.

Owen avait un petit intérêt, comme il est assez d’usage, dans la maison dont il était commis en chef, et par conséquent il était solidairement responsable de tous ses engagements. MM. Mac-Vittie et Mac-Fin le savaient, et dans le but de lui faire sentir leur pouvoir, ou plutôt afin de le forcer à consentir à une demande pour laquelle il avait montré tant de répugnance, ils eurent recours au moyen sommaire d’arrestation et d’emprisonnement, qui, à ce qu’il paraît, est permis par une loi d’Écosse (sujette sans doute à beaucoup d’abus) au créancier qui croit pouvoir affirmer par serment que son débiteur a l’intention de quitter le royaume. C’était en vertu d’un mandat d’arrêt de ce genre que le pauvre Owen avait été déposé dans la prison la veille du jour où j’y avais été moi-même si singulièrement introduit.

Me trouvant ainsi au fait de la position alarmante des choses, il restait à se consulter sur ce qu’il y avait à faire, et ce n’était pas une question peu embarrassante. Je voyais bien les dangers dont nous étions entourés, mais il était plus difficile d’y trouver un remède. L’avis que j’avais reçu semblait me faire entendre que ma liberté personnelle pouvait aussi être menacée si je faisais ouvertement des démarches en faveur d’Owen. Ce dernier éprouvait les mêmes craintes, et, dans l’exagération de sa frayeur, m’assurait qu’un Écossais, plutôt que de risquer de perdre un sou avec un Anglais, trouverait des moyens, dans les lois de son pays, pour faire arrêter sa femme, ses enfants, ses domestiques mâles et femelles, et jusqu’à l’étranger admis sous son toit. Les lois contre les débiteurs sont dans presque tous les pays d’une sévérité si impitoyable, que je ne pouvais me refuser