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murailles étaient nues, à cela près d’une quantité raisonnable de ferrures et d’instruments qui pouvaient être réservés à un usage plus inhumain encore. On y voyait aussi suspendus des pertuisanes, des fusils, des pistolets d’une ancienne forme, et d’autres armes offensives et défensives.

En me trouvant introduit d’une manière aussi inattendue, aussi fortuite, et comme par fraude, dans une des forteresses légales de l’Écosse, je ne pus m’empêcher de me rappeler mon aventure du Northumberland, et de murmurer des incidents étranges qui menaçaient encore, sans qu’il y eût de ma faute, de me placer dans une opposition dangereuse et désagréable contre les lois d’un pays que je venais visiter en qualité d’étranger.


CHAPITRE XXII.

RENCONTRE DANS LA PRISON.


Regarde autour de toi, jeune Astolphe : voici le lieu où, parce qu’ils sont pauvres, on envoie des hommes mourir en prison : cruel remède pour cette triste maladie ! Dans l’enceinte de ces murs, étouffé par l’humidité et les vapeurs méphitiques, s’éteint le flambeau consolateur de l’espérance, tandis qu’à sa dernière lueur, exalte par les saturnales auxquelles il se livre dans sa démence, le farouche désespoir allume sa torche infernale pour éclairer des crimes auxquels le pauvre prisonnier eût préféré la mort, avant que la captivité eût réduit son âme à ce point de dégradation.
La Prison, scène 3, acte 1.


Mon premier mouvement fut de jeter en entrant un regard avide sur mon conducteur, mais la lampe qui brûlait dans le vestibule y répandait une clarté trop faible pour que je pusse distinguer ses traits. Lorsque le porte-clefs prit la lumière, les rayons vinrent tomber directement sur sa figure, qui me parut alors presque aussi digne de mon attention. C’était une espèce d’animal sauvage dont la tête, presque informe, était couverte d’une forêt de cheveux roux qui cachaient une partie de ses traits, sur