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— Cependant c’est parler de vous en termes trop vagues pour inspirer de la confiance à un étranger.

— Je n’en puis pourtant pas dire davantage, et c’est à vous de décider si vous voulez me suivre ou renoncer aux renseignements que je voudrais vous donner.

— Et ne pouvez-vous me donner ces renseignements ici ?

— Vous devez tout apprendre par vos yeux et non par ma bouche ; il faut me suivre, ou rester dans l’ignorance des choses que je puis vous faire connaître. »

Il y avait quelque chose de bref, de déterminé, et même de sévère, dans l’accent de l’inconnu, qui n’était certainement pas très-propre à inspirer une confiance absolue,

« Que craignez-vous ? me dit-il avec impatience ; croyez-vous que votre vie soit d’une importance assez grande pour qu’on cherche à vous la ravir !

— Je ne crains rien, » répondis-je avec fermeté quoiqu’un peu à la hâte ; « marchez, je vous suis. «

Contre mon attente, mon guide me fit rentrer dans la ville, et nous nous glissâmes le long de ses rues désertes et silencieuses, comme de muets fantômes. Les hautes et sombres façades des maisons, avec leurs croisées sculptées et chargées d’ornements divers, semblaient encore plus élevées et plus obscures à la clarté imparfaite de la lune. Notre marche se continua pendant quelques minutes dans le plus profond silence, à la fin mon conducteur le rompit.

« Avez-vous peur ? dit-il.

— Je vous répondrai par vos propres termes, répliquai-je : Pourquoi craindrais-je ?

— Parce que vous êtes avec un étranger, peut-être avec un ennemi, dans un lieu où vous n’avez pas un ami, et où vous avez beaucoup d’ennemis.

— Je ne crains ni eux, ni vous. Je suis jeune, vigoureux et bien armé.

— Je ne suis pas armé, mais peu importe, un bras bien dispos n’a jamais manqué d’armes. Vous dites que vous ne craignez rien ; mais si vous saviez à côté de qui vous marchez, peut-être éprouveriez-vous quelque effroi.

— Et pourquoi en éprouverais-je ? je vous le répète, je ne crains rien de ce que vous pouvez faire.

— Rien de ce que je puis faire ? soit. Mais ne craignez-vous pas