Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/251

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culier ; car, quoique d’une grande étendue, il est cependant trop petit pour le nombre d’habitants distingués qui y sont enterrés, et dont presque toutes les tombes sont couvertes de pierres sépulcrales. Il n’y a donc pas de place pour les hautes herbes qui d’ordinaire couvrent ces retraites où le méchant cesse de nuire et où l’homme fatigué trouve enfin le repos. Les larges pierres des tombeaux sont placées si près les unes des autres, que le cimetière en semble dallé, et, quoique n’ayant d’autre voûte que celle du ciel, rappelle nos vieilles églises d’Angleterre qui sont pavées de pierres funèbres couvertes d’inscriptions. Le contenu de ces tristes archives de la mort, les vains regrets qu’elles entretiennent, la triste leçon qu’elles renferment sur le néant de l’humanité, l’étendue de terrain qu’elles couvrent, et l’uniformité mélancolique de leur style, me rappelèrent le livre du prophète couvert d’écriture en dehors et en dedans, et où on ne lisait que lamentations, douleur et désespoir.

La majesté imposante de la cathédrale répond à ces accessoires. On convient bien que son aspect est un peu lourd, mais on sent en même temps que son effet serait détruit s’il y avait dans l’ensemble plus de légèreté et d’ornements. C’est la seule église métropolitaine en Écosse, excepté, m’a-t-on dit, la cathédrale de Kirkwall dans les îles Orcades, qui n’ait pas souffert pendant la réformation ; et André Fairservice, dont l’orgueil fut très-flatté de l’effet qu’elle produisait sur moi, m’expliqua ainsi les causes qui l’avaient fait épargner… « Ah ! c’est une belle église… On n’y trouve aucun de ces agréments, de ces brimborions d’ornements… C’est un bon bâtiment, bien solide et bien construit, qui durera autant que le monde, si la main des hommes et la poudre à canon ne s’en mêlent pas. Il l’a déjà échappé belle une fois, il y a bien long-temps, lors de la réformation, lorsqu’on a détruit les églises de Saint-André et de Perth pour les purifier du papisme, de l’idolâtrie, du culte des images et des reliques et autres iniquités de la grande prostituée qui siège sur sept montagnes, comme si une seule ne suffisait pas pour reposer sa vieille carcasse… Ainsi donc les communes de Renfrew, de la Baronnie et de Gorbal, et bien d’autres, se réunirent un beau matin pour venir à Glasgow essayer si l’on ne pourrait pas purger la grande église de toutes ces friperies du papisme. Mais les bourgeois de la ville eurent peur que leur vieil édifice ne succombât entre les mains d’aussi rudes médecins ; ils sonnèrent donc la cloche et assemblèrent leurs mi-