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— Je n’ai besoin que de connaître la route que je dois suivre ; du reste je paierai cet homme de manière à le rendre content ; je lui donnerai tout ce qui sera raisonnable.

— Tout, répliqua André, ne veut rien dire. Le garçon dont je vous parle connaît tous les détours et les traverses des montagnes, et…

— Je n’ai pas de temps à perdre en paroles, André ; faites le marché vous-même pour moi, comme vous l’entendrez.

— Ah, ah ! voilà qui est parler maintenant. Eh bien, puisqu’il en est ainsi, je crois que le guide qui vous conduira sera moi-même.

— Vous, André ? Comment ! vous abandonnerez donc votre place ?

— J’ai dit une fois à Votre Honneur qu’il y avait long-temps que je songeais à m’en aller ; j’y pense peut-être depuis la première année que je suis entré au château, et maintenant je suis décidé à le quitter tout de bon. Ainsi mieux vaut plus tôt que plus tard[1].

— Alors vous quittez le service ; mais ne risquez-vous pas de perdre vos gages ?

— Sans doute ; il y aura toujours une certaine perte ; mais à la vérité, j’ai entre les mains de l’argent du laird pour des pommes du vieux verger, que j’ai vendues. C’est un fameux marché que les gens qui les ont achetées ont fait là… rien que de mauvais fruit ! Ce qui n’empêche pas que sir Hildebrand, c’est-à-dire son intendant, ne soit aussi pressé d’en avoir l’argent que si c’était la plus belle rainette dorée. J’ai aussi l’argent des semailles, de sorte que je crois que les gages seront en quelque sorte couverts. D’ailleurs, j’espère que Votre Honneur aura égard à mes risques et à ma perte, quand nous aurons gagné Glasgow. Et comptez-vous partir incessamment ?

— Demain au point du jour, répondis-je.

— C’est bien un peu prompt… Où trouverai-je un cheval ? Attendez, j’en connais un qui fera mon affaire.

— Ainsi donc, André, trouvez-vous à cinq heures du matin au bout de l’avenue.

— Que le diable m’emporte ! (c’est ici une façon de parler au moins) si je vous manque de parole, dit André avec vivacité ; et

  1. Better a finger off as aye wagging, dit le texte. a. m.