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nom de her’ship (dévastation) de Kippen[1]. Rob-Roy, dit-on encore, survécut à l’année 1733, et mourut fort vieux. Il est donc probable qu’il pouvait avoir vingt-cinq ans à l’époque de la dévastation de Kippen ; ce qui placerait sa naissance au milieu du XVIIe siècle.

Dans les temps plus tranquilles qui suivirent la révolution, Rob-Roy, ou Red-Robert (Robert-le-Rouge), semble avoir exercé son industrie, qui était des plus remarquables, comme conducteur ou marchand de bestiaux. Il est aisé de croire qu’à cette époque aucun habitant des basses terres, et moins encore un marchand anglais, n’eût osé s’engager dans les montagnes. Les bestiaux, qui faisaient toute la richesse des hautes terres, étaient escortés jusqu’aux foires, le long de la frontière, par des montagnards armés, qui néanmoins trafiquaient avec honneur et bonne foi envers leurs pratiques du sud. Une querelle s’engageait bien quelquefois, et alors les Lowlanders[2], ceux de la frontière surtout, qui approvisionnaient les marchés anglais, trempaient leur bonnet dans le plus prochain ruisseau, et, l’entortillant autour de leur main, opposaient leurs gourdins aux sabres nus, qui n’avaient pas toujours l’avantage. J’ai entendu des personnes âgées qui s’étaient trouvées à de pareilles affaires, dire que les Highlandais jouaient toujours beau jeu, n’employant jamais la pointe de leurs épées, moins encore leurs pistolets ou leurs poignards ; si bien que

Des coups vigoureux se donnaient,
Le gourdin et le fer servaient.

Une balafre ou deux, une contusion à la tête, n’empêchaient pas un prompt raccommodement ; et, comme ce commerce était avantageux aux deux parties, ces légères escarmouches ne pouvaient rompre l’harmonie. Il est vrai que la vente des bestiaux était d’un intérêt majeur pour les Highlandais, dont les revenus territoriaux consistaient absolument dans la vente des bœufs et des moutons ; par conséquent un marchand habile et expérimenté enrichissait lui, ses amis et ses voisins, par ses spéculations. Celles de Rob-Roy furent pendant plusieurs années si heureuses, qu’il inspira une confiance générale et gagna l’estime des gens du pays où il demeurait.

  1. Voyez la Description statistique de l’Écosse, vol. xviii, page 132, paroisse de Kippen.
  2. Habitants des plaines ou basses terres.