Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/182

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sion ? Je résolus de savoir à tout prix ce qu’il voulait dire, me fallût-il, pour cela, lui arracher la vérité.

Je m’observai et me contins donc aussi scrupuleusement qu’il me fut possible ; je remarquai même que, pour une personne aussi sensée et douée d’autant de talents que miss Vernon, il était malheureux qu’elle eût une conduite étourdie et étrange.

« Trop franche, trop éloignée de toute réserve, au moins, répondit Rashleigh ; cependant elle a, je vous assure, un excellent cœur. À dire vrai, si elle continue à haïr le cloître et l’époux qu’on lui destine, et que mes travaux dans les mines de Plutus m’assurent une honnête indépendance, je pourrai bien songer à renouer notre liaison, et à partager ma fortune avec miss Vernon. »

Avec sa belle voix et ses périodes bien tournées, pensai-je, ce Rashleigh est le fat le plus laid et le plus suffisant que j’aie jamais vu.

« Cependant, continua Rashleigh, comme s’il pensait tout haut, je serais fâché de supplanter Thorncliff.

— Supplanter Thorncliff ! votre frère Thorncliff est-il l’époux destiné à Diana Yernon ?

— Oui ; les ordres de son père et certains arrangements de famille l’obligent à épouser un des fils de sir Hildebrand. On a obtenu de Rome une dispense qui lui permet d’épouser… Osbaldistone (le prénom en blanc), écuyer, fils de sir Hildebrand Osbaldistone d’Osbaldistone-Hall, baronnet ; il ne reste plus qu’à choisir l’heureux mortel dont le nom remplira le blanc de la dispense. Percy ne songeant qu’à boire, mon père a désigné Thorncliff, comme le second rejeton de la famille, pour perpétuer la race des Osbaldistone.

— Diana, » dis-je en m’efforçant de prendre un air de plaisanterie qui, je crois, m’allait fort mal, « aurait peut-être préféré chercher un peu plus bas sur l’arbre de la famille la branche à laquelle elle désirait s’unir.

— Je ne saurais le dire, reprit-il ; il y a peu de choix dans notre famille : Dick est un joueur, John un rustre, et Wilfred un âne. Je crois, après tout, que mon père ne pouvait mieux choisir pour la pauvre Diana.

— Les personnes présentes étant toujours exceptées.

— Oh ! destiné à l’Église, je n’étais point sur les rangs ; autre-