Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/168

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ta-t-elle en me montrant l’écusson en bois autour duquel la devise était écrite.

« Des flûtes ! je les aurais prises pour des sifflets d’un sou ; mais pardonnez-moi mon ignorance, ajoutai-je en voyant le rouge lui monter au visage, je n’ai point voulu insulter à vos armes, car je ne connais pas même les miennes.

— Vous ! un Osbaldistone ! et vous avouez cela ? Percy, Thorncliff, John, Dick, Wilfred lui-même, seraient vos maîtres ; l’ignorance en personne est à un cran au-dessus de vous.

— Je le confesse à ma honte, ma chère miss Vernon ; les signes hiéroglyphiques de l’art héraldique sont pour moi aussi peu intelligibles que ceux des pyramides d’Égypte.

— Est-il possible ? Mon oncle lui-même lit quelquefois Gwillym, dans les soirées d’hiver… Ne pas connaître les signes héraldiques ! À quoi songeait donc votre père ?

— Aux signes de l’arithmétique, répondis-je, dont le plus insignifiant a plus d’importance à ses yeux que tout le blason de la chevalerie. Mais quelle que soit mon ignorance sur ce point, j’ai du moins assez de goût pour admirer ce magnifique portrait, à qui je trouve un air de famille avec vous. Quelle noblesse et quelle dignité dans la pose ! quelle richesse de coloris ! quelle force et quelle largeur dans les ombres !

— Est-ce en effet un beau tableau ? dit-elle.

— J’ai vu beaucoup d’ouvrages de ce célèbre peintre, répliquai-je, mais aucun ne m’a plu davantage.

— Je suis aussi ignorante en peinture que vous en blason, dit miss Vernon ; cependant j’ai un avantage sur vous, car j’ai toujours admiré ce portrait sans en connaître la valeur.

— Si j’ai négligé les flûtes et les tambours et tous les signes bizarres du blason, je sais qu’ils brillèrent jadis sur de glorieuses bannières. Mais vous m’accorderez que leurs combinaisons offrent bien moins d’intérêt à l’homme peu instruit que l’aspect d’un beau tableau… Quel est le personnage que représente celui-ci ?

— Mon grand-père… Il partagea les malheurs de Charles Ier, et, j’ai honte de le dire, les excès de son fils. Notre patrimoine a été dissipé en partie par ses prodigalités ; mon infortuné père en a perdu les restes pour la cause de la royauté.

— Votre père, je suppose, a souffert dans les dissensions publiques de cette époque ?