Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/163

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ne résonne pas comme le carillon appelé compliment ; vous parlez comme un homme qui sait à quoi il s’engage. Si jamais, mais cela est impossible… si cependant l’occasion s’en présente, je vous demanderai de vous rappeler votre promesse ; et, je vous le proteste, je ne me fâcherais point que vous l’eussiez oubliée : il suffit que vos intentions soient sincères aujourd’hui. Bien des choses peuvent les changer avant que je vous prie, si jamais j’ai besoin de le faire, d’assister Diana Vernon comme si vous étiez son frère.

— Et quand je serais le frère de Diana Vernon, répondis-je, je ne serais pas plus disposé à la servir ! Et maintenant je ne sais si je puis vous demander si Rashleigh a contribué de son plein gré à ma délivrance ?

— Non pas à moi, mais vous pouvez le lui demander à lui-même et comptez bien qu’il répondra oui ; car si quelque bonne action se trouvait abandonnée comme un adjectif isolé dans une phrase mal construite, il se présentera toujours pour lui servir de substantif.

— Je ne dois pas non plus vous demander si Campbell n’est pas lui-même l’individu qui a débarrassé M. Morris de sa valise, et si la lettre que notre ami Jobson a reçue n’était pas une ruse pour l’éloigner du lieu de la scène, de peur qu’il ne mît obstacle à l’heureux événement de ma délivrance ? Je ne dois pas non plus demander…

— Ne me demandez rien, dit miss Vernon, car votre curiosité n’a point de bornes. Vous devez penser de moi aussi favorablement que si j’avais répondu à toutes ces questions, et à cent autres encore, avec autant d’aisance que Rashleigh eût pu le faire. Tenez, chaque fois que je toucherai ainsi mon menton, cela voudra dire que je ne puis satisfaire votre curiosité sur le sujet qui vous occupera. Il faut que j’établisse des signaux de correspondance avec vous, parce que vous allez être mon confident et mon conseiller, à cela près que vous ne saurez rien de mes affaires.

— Rien de plus raisonnable, répondis-je en riant ; et vous pouvez croire que la sagacité de mes conseils répondra à l’étendue de votre confiance. »

En conversant ainsi, nous arrivâmes fort bien disposés l’un pour l’autre à Osbaldistone-Hall, où la famille entière était au milieu de son orgie du soir.

« Servez à dîner, pour M. Osbaldistone et moi dans la bibliothèque, » dit miss Vernon à un domestique. « Je dois avoir com-