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des Highlands conserve le souvenir de combats sanglants dans lesquels les proscrits obtinrent quelquefois des avantages passagers, et vendirent toujours chèrement leur vie. À la fin, la fierté d’Allaster Mac-Gregor, le chef du clan, fut tellement abattue par les souffrances de son peuple, qu’il se détermina à se rendre au comte d’Argyle, avec les principaux de sa suite, sous la condition qu’ils seraient envoyés hors d’Écosse. S’il faut s’en rapporter à l’infortuné chef, il avait quelques droits à la protection du comte qui, par des avis et des encouragements secrets, l’avait souvent poussé à des actions pour lesquelles on le punissait alors si cruellement. Mais Argyle, selon l’expression du vieux Birrell, avait fait une promesse de montagnard, douce pour l’oreille, mais nulle pour l’esprit. Mac-Gregor fut envoyé sous bonne escorte jusqu’à la frontière d’Angleterre : étant ainsi, littéralement parlant, hors d’Écosse, Argyle fut censé avoir accompli sa promesse, et la même escorte le ramena à Édimbourg, où il fut jeté en prison.

Mac-Gregor de Glenstrae fut traduit devant la cour de justice, le 20 janvier 1604, et déclaré coupable. Il paraît qu’il fut conduit immédiatement du tribunal au gibet, car Birrell, sous la même date, rapporte qu’il fut pendu à la Croix, et, par distinction, plus haut, de toute la hauteur de son corps, que deux de ses parents et amis. Le 18 février suivant, un plus grand nombre de Mac-Gregor furent exécutés après une longue captivité ; quelques autres eurent le même sort au commencement de mars.

Le comte d’Argyle, en forçant à se rendre la race infâme et insolente des Mac-Gregor, race de brigands et de malfaiteurs, en livrant à la justice le chef et bon nombre des principaux de son clan, tous justement mis à mort pour leurs crimes, avait rendu un service qu’un acte du parlement, (1607, chap. 16), reconnaît dans les termes les plus flatteurs, et récompense par un don de vingt fois trente-six boisseaux de froment, à prendre sur les terres de Kintire.

En dépit des lettres de feu et d’épée, malgré les exécutions militaires décrétées contre eux par le parlement d’Écosse, qui semble perdre toute conscience de sa dignité chaque fois qu’il s’agit d’eux, ne nommant jamais sans une sorte de colère ce clan proscrit, les Mac-Gregor se montraient peu disposés à se laisser rayer de la liste des clans. Pour se conformer à la loi, ils adoptèrent le nom des familles voisines parmi lesquelles ils vivaient, se nommant, suivant le hasard ou les convenances particulières, Drum-