Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/132

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mon garçon ! — Oui, la jeunesse est téméraire. — Mais gare à toi !… songe à la vieille ballade :


En galopant comme un fou
Sur le bord d’un précipice,
On peut s’y casser le cou. »


Il y a peu de jeunes gens, même parmi les plus rigides moralistes, qui n’aimeraient pas mieux, je crois, s’entendre reprocher quelque peccadille que de se voir accusés de maladresse à monter à cheval. Comme je ne manquais ni d’adresse ni de courage, je fus piqué de la remarque de mon oncle, et l’assurai qu’il me trouverait toujours des premiers à suivre les chiens. »

« Je n’en doute pas, mon garçon, répondit-il, tu es bon cavalier, je gage ; mais de la prudence. Ton père, en t’envoyant ici, m’a chargé de te dompter, et je ne sais si je dois te mener par la bride ou avoir quelqu’un pour te conduire par le licou, en cas que tu regimbes. »

Comme ce discours était tout à fait inintelligible pour moi, que d’ailleurs il était débité comme une sorte d’à parte par lequel mon très-honoré oncle exprimait des idées qui lui passaient par l’esprit, il me parut que son intention n’était pas de me donner un conseil, et que ces paroles avaient rapport à ma désertion de la veille, ou que mon oncle se ressentait encore des excès de la nuit et que sa bonne humeur en souffrait d’autant. Je me bornai à me promettre, s’il remplissait mal les devoirs de l’hospitalité, de n’être pas long-temps son hôte, et je saluai avec empressement miss Vernon, qui venait gaiement me souhaiter le bonjour. J’échangeai aussi quelques compliments avec mes cousins ; mais je vis qu’ils prenaient un malicieux plaisir à critiquer mon habit et mon accoutrement, depuis mon chapeau jusqu’à mes éperons, leur ridicule patriotisme les portant à rire aux éclats de ce qui était pour eux nouveau et d’une apparence étrangère ; feignant alors de ne pas remarquer leurs grimaces, leurs chuchotements, ne les honorant pas même d’un regard de mépris, je m’attachai à miss Vernon comme à la seule personne à laquelle il fût possible de tenir compagnie. Me plaçant donc à ses côtés, je partis avec toute la troupe pour le bois où nous devions chasser. C’était un taillis qui couvrait tout le flanc d’une immense colline. Tout en galopant je fis remarquer à Diana que je ne voyais pas mon cousin