Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/470

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quoiqu’un peu vieux, autant d’airain sur le front, et aussi peu de cuivre dans la poche. — Je voudrais que Votre Majesté me confiât ce messager de bonnes nouvelles, pour savoir de lui la vérité, répliqua Buckingham. — Bien obligé ; mais il est aussi volontaire que vous, et de telles gens s’entendent rarement entre eux. Milord chancelier est plein de sagesse, c’est à lui que nous nous en rapporterons. Maître Wildrake, vous accompagnerez le chancelier qui nous rendra compte de vos nouvelles ; en attendant, je vous assure que vous ne vous repentirez pas d’avoir été le premier à nous les apporter. » Il fit signe au chancelier d’emmener Wildrake qui, dans l’état où il le voyait, aurait pu raconter quelques anecdotes du séjour de Charles à Woodstock ; anecdotes qui auraient procuré plus de plaisir que d’édification aux beaux esprits de la cour.

On reçut bientôt la confirmation de ces bonnes nouvelles ; on donna à Wildrake une honnête gratification et une petite pension qui, d’après le désir spécial du roi, ne lui imposait aucun service.

Peu après l’Angleterre répétait en chœur son refrain favori :

Oh ! le vingt-neuf du mois de mai
Est un jour heureux et bien gai :
Charles reprendra sa couronne.

En ce jour mémorable, le roi partit de Rochester pour faire son entrée à Londres. Sur son passage il reçut de ses sujets un accueil si cordial et si unanime, qu’il dit gaiment « que c’était sans doute sa faute d’être resté si long-temps hors d’un pays où son arrivée causait tant d’enthousiasme. » À cheval entre ses frères les ducs d’York et de Glocester, le monarque rappelé dans ses états s’avançait au pas sur les chemins jonchés de fleurs. Le vin coulait des fontaines sous les arcs de triomphe ; les rues étaient tapissées ; sur son passage étaient des groupes de citoyens, les uns habillés de velours noir, portant des chaînes d’or, d’autres en costume militaire de drap d’or ou d’argent, suivis par ces artisans qui, après avoir crié contre le père à sa sortie de Withehall, criaient en faveur du fils à sa rentrée dans le palais de ses pères. À Blackheath, il passa en revue cette armée si long-temps formidable à l’Europe et à l’Angleterre elle-même, qui avait servi à rétablir le trône après l’avoir renversé de ses mains. En quittant les dernières files de cette troupe formidable, le roi arriva à une plaine découverte, où beaucoup de