Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux qui y entraient dans un abîme sans fond. Humgudgeon leur dit ensuite qu’il avait consulté le matin les Écritures, et que le hasard l’avait fait tomber sur ce passage : Eutyche tomba du troisième étage. Cependant, l’énergie et l’autorité de Cromwell, quelques vivres et des liqueurs fortes qu’il fit distribuer à ses soldats, les décidèrent à continuer leur tâche.

Néanmoins, malgré tous leurs efforts, le matin les surprit avant qu’ils eussent atteint l’appartement du docteur Rochecliffe, où ils n’arrivèrent que par un chemin beaucoup plus difficile que celui que suivait le docteur lui-même. Mais là leur habileté fut longtemps en défaut. À en juger par les différents objets qu’ils y trouvèrent, tels que les débris d’un souper et un lit tout préparé, ils pensèrent avoir atteint le centre du labyrinthe ; des divers passages qui aboutissaient en ce lieu, les uns venaient de pièces déjà explorées, et les autres menaient à des parties de la maison où les sentinelles assurèrent que personne n’était encore passé. Cromwell resta long-temps dans l’indécision. Il ordonna cependant à Pearson de prendre les écritures en chiffres et les papiers les plus importants qui étaient sur la table. « Bien qu’il y ait là peu de chose, dit-il, que je ne connaisse déjà par Tomkins le fidèle ; honnête Joseph ! habile et parfait agent ! on ne trouvera pas ton pareil en Angleterre ! »

Après un intervalle assez long, pendant lequel il sonda avec le pommeau de son épée presque toutes les pierres du bâtiment et toutes les planches du plafond, le général ordonna d’amener en ces lieux le vieux chevalier et le docteur Rochecliffe, dans l’espoir de tirer d’eux quelque explication des secrets de cet appartement.

« Si Votre Excellence veut me confier ce soin, » dit Pearson, qui n’était qu’un soldat de fortune, et avait été boucanier dans les Indes occidentales, « je pense qu’avec une corde de fouet serrée autour de leur front, et tournée avec la baguette d’un pistolet, je pourrai faire sortir la vérité de leurs bouches, ou les yeux de leurs têtes. — Fi ! Pearson, » répliqua Cromwell avec horreur ; nous ne devons pas montrer tant de cruauté ni comme Anglais ni comme chrétiens. Nous pouvons tuer les rebelles que nous rencontrons, comme des animaux nuisibles ; mais les torturer, c’est un péché mortel ; car il est écrit : « Il les a faits pour être pris en pitié par ceux qui les emmèneront captifs. » Je révoque même l’ordre que je viens de