Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/416

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trai sous leur nez l’appât qu’ils n’auront jamais. Je les envelopperai dans un filet d’où il ne leur sera pas facile de sortir… mais à quel prix ? » se demanda le vieux chevalier interrompant son joyeux soliloque. « Oh ! Absalon, Absalon ! mon fils, mon fils… Mais qu’importe ? il ne peut que mourir comme ses pères, et en servant la cause pour laquelle ils ont vécu. Le voilà… Eh bien !… Albert, as-tu réussi ? as-tu assez bien pris l’air de royauté pour tromper ton monde ? — Oui, mon père ; les femmes pourront affirmer que Louis Kerneguy était au château il n’y a qu’une minute. — Bien. Ce sont de bonnes et fidèles créatures ; elles jureraient n’importe quoi pour le salut de Sa Majesté ; mais elles le feront avec plus de naturel et d’une manière plus convaincante si elles croient dire la vérité… Comment es-tu parvenue les abuser ? — En imitant les manières du roi sur un point qu’il est inutile de mentionner. — Ah ! coquin, je crains que tu n’aies fait tort à la réputation du roi en cherchant à copier ses manières. — Hum ! » dit Albert, murmurant à demi-voix ce qu’il n’osait dire tout haut. « Si j’avais exactement copié mon modèle, je sais quelle réputation courrait le plus de risques. — Il faut maintenant que nous convenions des moyens de défendre les ouvrages avancés, de nos signaux, et des stratagèmes que nous pourrons employer afin d’amuser l’ennemi le plus long-temps possible. »

Il eut de nouveau recours au tiroir caché de son secrétaire, et en tira un morceau de parchemin sur lequel était tracé un plan ; « Voici, dit-il, le plan de la citadelle, comme je la nomme, qui tiendra encore long-temps après que nous aurons été forcés d’évacuer les retraites que tu connais. Le capitaine de Woodstock jurait toujours de ne révéler ces secrets qu’à une seule personne en cas de mort subite. Asseyons-nous, et étudions les lieux ensemble. »

Ils convinrent de différentes mesures dont on se pénétrera mieux par la narration qui va suivre que si nous les détaillions ici, ainsi que des précautions qu’ils prirent pour parer à des événements qui n’arrivèrent pas.

Enfin le jeune Lee, avec des armes et des provisions en vivres et en liqueurs, quitta son père et alla s’enfermer dans l’appartement de Victor Lee, qui communiquait avec le labyrinthe des appartements particuliers ou lieux de retraite dont les associés avaient si bien tiré parti dans tous les tours qu’ils avaient joués aux commissaires de la république.

« J’espère que Rochecliffe, » dit sir Henri, s’asseyant devant son