Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/406

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autres, tandis qu’il sortait de l’appartement, de rester tranquilles, jusqu’à ce qu’il sût qui avait frappé. Arrivé à la porte, il demanda qui était là et ce qu’on voulait à une heure si indue.

« C’est seulement moi, » répondit une voix faible. — Et quel est votre nom, mon petit ami ? — Spitfire, monsieur. — Spilfire ! — Oui, monsieur. Tout le monde m’appelle ainsi, et le colonel Éverard lui-même. Mais mon nom est Spittal, tout court. — Le colonel Éverard ! venez-vous de sa part ? — Non, monsieur ; je viens de la part de Roger Wildrake, écuyer de Squattlesea-Mère, et j’apporte à mistress Alice un signe que je dois lui remettre en main propre, si vous voulez seulement m’ouvrir la porte, monsieur, et me laisser entrer ; mais je ne puis rien faire tant que nous serons séparés par une porte de trois pouces. — C’est quelque caprice de cet ivrogne débauché, » dit Albert à voix basse à sa sœur qui était venue le rejoindre sur la pointe du pied. — Pourtant, ne nous hâtons pas trop de tirer une telle conclusion, lui répondit la jeune demoiselle ; en ce moment, la moindre bagatelle peut être importante… Et quel signe maître Wildrake m’envoie-t-il, mon petit garçon ? — Ah ! pas grand’chose de prix, mademoiselle, mais il tenait tellement à ce que vous le reçussiez, qu’il m’a descendu par une fenêtre, comme on ferait d’un chat, pour que je ne fusse pas arrêté par les soldats. — Entendez-vous ? dit Alice à son frère ; ouvrez la porte, pour l’amour de Dieu ! »

Son frère qui commençait alors à partager suffisamment ses soupçons, se hâta d’ouvrir, et fit entrer le jeune garçon dont l’extérieur, à peu près semblable à celui d’un lapin écorché en livrée, ou d’un singe dans une foire, leur aurait fourni, dans un autre moment, quelque amusement. Le petit messager entra dans le vestibule en faisant plusieurs salutations et révérences des plus bizarres, et remit la plume de bécasse avec beaucoup de cérémonie à la jeune miss, en l’assurant que c’était le prix qu’elle avait gagné au sujet d’un pari de chasse.

« Je t’en prie, mon petit homme, dit Albert, ton maître était-il ivre ou à jeun quand il t’a envoyé si loin porter une plume à cet heure de la nuit ? — Sauf respect, monsieur, il était ce qu’il appelle, lui, à jeun ; mais, selon moi, s’il s’agissait de toute autre personne, je dirais qu’il était ivre. — Maudit soit le fat et l’ivrogne ! s’écria Albert ; voici une pièce de douze sous, mon garçon, et dis à ton maître de réserver ses plaisanteries pour des personnes et des temps plus convenables. — Attendez encore une minute, s’écria Alice, il