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dit-il ; mais ce n’est pas tout-à-fait ainsi que je l’ai entendu prononcer aux galants hommes que j’ai connus parmi les Cavaliers écossais ; par exemple, quelques Cordons, et autres gens de distinction, qui mettaient toujours une f au lieu du wh, comme faat pour what, fan pour when, et cætera. »

Ici Albert Lee intervint encore, et dit que les provinces d’Écosse, comme celles d’Angleterre, avaient leurs différentes manières de prononcer.

« Vous avez grandement raison, monsieur, lui répondit Wildrake, et je puis me flatter moi-même de parler bien joliment leur maudit jargon… (sans vous offenser, jeune gentilhomme.) Et pourtant, lorsque je parcourus avec quelques gens de Montrose les montagnes du sud, nom qu’ils donnent à leurs ignobles déserts, toujours sans vous offenser, je me trouvai seul, et un jour je perdis ma route. Je dis alors à un berger en ouvrant la bouche aussi large et en élevant la voix aussi haut que possible : Whare am I gangin till[1] du diable si le benêt m’a pu répondre, à moins qu’il ne fît le sourd, il est vrai ; ce que ces rustres ont quelquefois l’habitude de faire à l’égard des gens qui portent épée.

Ces paroles un peu familières et adressées en apparence à Albert, touchaient de plus près le jeune Écossais, qui, par timidité ou quelque autre raison, ne semblait pas disposé à faire plus intime connaissance. Deux ou trois coups de coude que Wildrake lui donna vers la fin de sa phrase pour mieux attirer son attention, en tirèrent seulement cette réponse : « Des malentendus sont inévitables, quand on parle des dialectes nationaux. »

Wildrake, qui était alors plus en gaîté qu’on ne doit décemment l’être en bonne compagnie, répéta aussitôt : « Des malentendus, monsieur… des malentendus… Je ne sais comment je dois interpréter cela ; mais à en juger par les explications que donnent ces égratignures sur votre honorable visage, j’augurerais que vous avez eu tout récemment un malentendu avec un chat. — Eh bien ! vous vous trompez, l’ami, car c’est avec un chien, » répondit sèchement l’Écossais en lançant un coup d’œil à Albert.

« Nous avons eu un démêlé avec les chiens de garde en arrivant si tard, dit Albert, et ce jeune homme s’est jeté dans un buisson qui lui a fait toutes ces égratignures. — Mais, allons, cher sir Henri, interrompit le docteur Rochecliffe, permettez-nous de vous rappeler votre goutte et notre long voyage. Ce que j’en dis, c’est

  1. Où vais-je par ce chemin ? a. m.